vendredi 28 octobre 2011

Guerres mondiales et espoirs de paix (2)


II) La seconde guerre mondiale, une guerre totale d’anéantissement :
Une guerre totale est un conflit dont les conséquences et les implications ne se limitent pas aux champs de batailles mais touchent l'ensemble des sociétés des pays mobilisés. La Guerre de 1914-1918 comme nous l’avons vu et surtout la Guerre de 1939-1945 sont des guerres totales. Elles sont caractérisées évidemment par une mobilisation militaire mais aussi par une mobilisation complète des énergies intellectuelles, économiques et humaines.
Ce conflit fut tout d'abord une guerre idéologique marquée par l'affrontement de deux systèmes totalement opposés :
•Un système qui revendique la supériorité d'une race sur les autres et qui envahit les pays voisins au nom de cette supériorité raciale ou raciste.
•À l'opposé, un système qui reste fidèle à la liberté, à l'humanisme. Ces valeurs doivent être restaurées dans l'ensemble de l'Europe.
Pour renforcer cet affrontement idéologique, la propagande, la publicité et le cinéma sont massivement utilisés par les deux camps. Ces derniers se livrent aussi à une véritable « guerre des ondes ».  C'est une guerre qui s'appuie sur des stratégies résolument offensives : « guerre éclair » ; batailles de chars (Koursk) et batailles aéronavales (Pearl Harbor, Midway) de grande ampleur ; débarquements massifs (opérations Torch et Overlord )   Une guerre motorisée qui met massivement en œuvre des moyens de destructions de plus en plus puissants ( chars, bombardiers, porte-avions ).   Une guerre qui accélère les innovations technologiques : électronique-informatique (radar, équipement radio, ordinateur) ; nylon (parachute) ; moteur à réaction ; fusée ; DDT et antibiotiques.  Une guerre qui s'appuie sur la production de masse et standardisée d'armes de plus en plus destructrices et de moyens de transports dont la vitesse, le rayon d'action et la capacité ne cessent de croître : V1 et V2 allemands ; B 29 américains ; bateaux de transport Liberty ship.   C'est une guerre qui frappe autant ou plus les civils que les militaires : mitraillage des routes de l'exode ; bombardements massifs des villes (Londres, Dresde) ; représailles et massacres d'otages (Oradour-sur-Glane) ; extermination des juifs, des slaves, des tziganes dans les ghettos et les camps ; bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki.   C'est une guerre sans merci qui ne peut s'achever que par la défaite totale de l'un des deux camps.
Cette guerre 39-45 est aussi marquée par une mobilisation économique :
mobilisation des ressources économiques : matières premières, sources d'énergie, carburants ou produits de remplacement ( ersatz )    Grâce à la puissance de l'économie des Etats-Unis dont le président Roosevelt avait décidé de faire « l'arsenal des démocraties » dans le cadre du « Victory Program », les Alliés ont réussi à battre les puissances de l'Axe.
Cette Seconde Guerre mondiale est enfin marquée par une mobilisation des énergies humaines :
•Mobilisation militaire : plus de soixante millions de soldats ont participé à cette guerre.
•Mobilisation de la main d'œuvre : dans tous les pays touchés par la guerre, de gré ou de force, la main d'œuvre est mise au service de l'industrie de guerre.
•Mobilisation des cerveaux : elle permet des progrès techniques considérables et pas seulement dans le domaine de l'armement.
Le bilan de cette guerre est terrible :
Bilan humain :
La Seconde Guerre mondiale est une hécatombe épouvantable. C'est le conflit le plus meurtrier de tous les temps avec environ 50 millions de morts. Certains pays sont particulièrement touchés : l'URSS totalise à elle seule 21 millions de morts (plus de 12% de sa population), la Chine a connu plus de 13 millions de morts, l'Allemagne : plus de 7 millions de morts (soit plus de 10% de sa population). Les pays d'Europe de l'ouest et bien sûr les États-Unis sont moins touchés. Les Français sont plus de 600.000 à être morts pendant la guerre (soit 1,5% de la population totale de 1939). C'est 6 fois moins que les morts français de la Première Guerre mondiale (d'où l'image de « Grande Guerre » pour la France). C'est une particularité de la Seconde Guerre mondiale en comparaison aux précédents conflits : les civils ont été très touchés. Ils représentent plus de la moitié des pertes humaines totales (contre 5% pour la Première Guerre mondiale). Les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité alourdissent encore le bilan du côté des civils.
La Seconde Guerre mondiale et son règlement ont donné lieu à des transferts de populations considérables. Ces déplacements concernent près de 30 millions de personnes : ce sont des Allemands ou des Japonais qui sont transférés de gré ou de force dans leur pays d'origine. Des minorités quittent également l'URSS : c'est la cas notamment des Polonais qui vont regagner le territoire polonais dans son nouveau tracé. Enfin, des millions de prisonniers de guerre ou de travailleurs forcés quittent les camps nazis pour regagner leur pays d'origine.
Les conséquences démographiques sont visibles à l'observation des pyramides des âges des pays engagés dans le conflit. Cette observation traduit deux conséquences imputables à la guerre :
•Un déséquilibre entre les sexes : les hommes ont été plus victimes de la guerre, même si ce déséquilibre est moins net que pour la Première Guerre mondiale. Cette différence par sexe est particulièrement visible en URSS.
•L'existence de classes creuses dues à un déficit de naissances (les hommes et les femmes sont séparés pendant la guerre). Cela entraînera une pénurie de main d'oeuvre et un nouveau tassement des naissances pour la génération suivante.
Ceci n'est pas vrai dans tous les pays. En France par exemple, la natalité a repris dès 1942. Cela annonce déjà le baby-boom dans les pays industrialisés.
Bilan économique :
Des destructions quasi totales : Dans les régions très touchées par les combats, et notamment par les bombardements, les destructions des infrastructures sont quasi totales. Au Japon et en Allemagne, les villes ont été systématiquement bombardées par les Alliés. Partout en Europe, la Libération a donné lieu à des destructions massives surtout des moyens de communications. En France, les destructions sont plus importantes que celles occasionnées par la guerre de 1914-1918. Dans ces ruines, ces destructions, des milliers de civils doivent être nourris et logés. En France, on doit maintenir le rationnement, plusieurs mois après le départ des Allemands.
Un bilan financier catastrophique : Pour financer le conflit, les pays ont souvent eu recours à l'emprunt, aux impôts ou à l'inflation. Cela a pour conséquence une hausse des prix et un affaiblissement des pays du fait d'une croissance de la dette publique. Cet endettement généralisé impose une remise en ordre du système monétaire international. Cette remise en ordre se fait avec les accords de Bretton Woods, signés en juillet 1944. Ces accords signés entre 44 pays prévoient plusieurs choses :
•Le dollar, convertible en or, est promue monnaie internationale au même titre que l'or. Les accords de Bretton Woods consacrent donc définitivement le dollar comme monnaie de référence.
•Une coopération monétaire mondiale est créée avec la mise en place du Fond Monétaire International (FMI). Installé à Washington, il est alimenté par les pays membres selon leur richesse. Il joue un rôle de stabilisateur à l'égard des monnaies et accorde des prêts aux pays connaissant des difficultés passagères.
•Une Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) ou Banque mondiale est mise en place. Elle sera chargée d'aider les pays dévastés par la guerre (elle aide aujourd'hui les pays en voie de développement).
L'économie des pays vaincus sous tutelle :Les Alliés (les vainqueurs) décident aussi de placer sous tutelle internationale l'économie des pays vainqueurs. Ainsi, en Allemagne, les konzerns, grands groupes de l'industrie qui ont financé le parti nazi et utilisé la main-d'œuvre des camps de concentration, ces grands groupes sont démantelés à l'image de IG Farben. Le même phénomène se produit au Japon avec la suppression des zaïbatsus et avec la mise en place d'une réforme agraire imposée par les Américains.
Bilan moral :

Le sentiment qui prime du point de vue moral est bien sûr le désarroi face aux conséquences de la Solution finale. Une terrible prise de conscience internationale se fait à la fin de la guerre. Devant cette prise de conscience de l'opinion publique et devant l'horreur des crimes commis, les Alliés vont pour la première fois dans l'histoire, organiser un procès où un tribunal va juger au nom de la conscience humaine. Ce procès se déroule à Nuremberg de novembre 1945 à octobre 1946.Pendant le procès, tous les anciens hauts-responsables du régime nazi sont jugés. 12 d'entre eux sont condamnés à mort, 10 sont pendus quelques jours après le verdict. Des peines de prisons à vie sont également prononcées. Un procès identique est organisé à Tokyo pour juger les responsables japonais. Les Alliés ne sont pas exempts de toutes critiques. L'utilisation de la bombe atomique a également causé un traumatisme important parmi les populations. Les camps de détentions, où furent déportés les citoyens américains d'origine japonaise, sont également critiquables. De même que sont critiquables les massacres de Katyn ou encore les exécutions sommaires de soldats allemands toujours par l'Armée rouge. Les mêmes interrogations se posent de manière aiguë pour la France. Les divisions entre les résistants et les collaborateurs restent très nettes, même une fois la guerre terminée.
Se met en place à la fin de la guerre ce que l'on a appelé l'épuration : L'épuration légale conduit les collaborateurs et les collaborationnistes les plus importants à des procès, elle reste limitée dans son ampleur par la volonté de de Gaulle. Cependant plus de 7.000 condamnations à mort sont prononcées, 1500 personnes sont finalement exécutées avec parmi elles Joseph Darnand et Pierre Laval. Le Maréchal Pétain est lui-même condamné à mort, mais sa peine est commuée en peine de prison à vie. Il est emprisonné sur l'île d'Yeu, où il meurt en 1951.
Malgré le bilan très sombre qui vient d'être dressé, les peuples, dans leur majorité sont gagnés à la fin de la guerre par l'optimisme, voire par l'euphorie. La confiance en l'avenir se manifeste individuellement par l'augmentation de la natalité : c'est le début du baby-boom. De manière plus générale, certains peuples ont l'espoir d'accéder enfin à l'indépendance et à la liberté. Le « redécoupage » du monde va combler les espoirs de certains et causer la déception chez d'autres peuples.

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