vendredi 23 septembre 2011

23 septembre 1943 : Fondation de la République sociale italienne par Benito Mussolini.


La République sociale italienne ou RSI, également appelée République de Salò, fut un État d'inspiration fasciste fondé par Benito Mussolini en Italie du Centre et du Nord le 23 septembre 1943, dans les zones contrôlées par la Wehrmacht (l'armée allemande).

La RSI fut fondée à la suite de l'arrestation de Mussolini (25 juillet 1943), puis de l'action de commando menée le 12 septembre suivant par Otto Skorzeny pour délivrer l'ancien Duce. Le gouvernement de la République sociale, tout en revendiquant Rome comme seule capitale, déplaça ses ministères dans des centres autour de Milan. Le ministère des Affaires étrangères fut installé dans la petite ville de Salò, près du lac de Garde, d'où le surnom informel de la République.

En raison de l'existence d'une résistance organisée et territorialement puissante, la République Sociale ne contrôle pas la totalité des territoires placés sous sa juridiction. En effet, durant la période qui va de septembre 1943 à avril 1945, c'est-à-dire durant toute son existence, la RSI doit affronter les forces de la résistance qui contrôlent une partie non négligeable du territoire non contrôlé par les Alliés. En effet, si les institutions de RSI contrôlent les vallées et les plaines, les forces de la Résistance étendent leur autorité sur les zones moins faciles d'accès, les hauteurs… Le partage effectif du contrôle des territoires entre RSI et résistants facilite le développement d'une forme de banditisme opportuniste, les voleurs opérant dans les zones RSI se réfugiant dans les zones contrôlées par la résistance et vice-versa. Rapidement, se mettent en place des mécanismes de coexistence entre résistants et soldats de la République Sociale, à fins de répression des délits de droits communs. Ainsi, dans les Alpes italiennes, des actions communes contre des bandes de détrousseurs (se faisant passer pour de faux résistants ou de faux soldats de la RSI) mêlant troupes de la RSI et groupes de la résistance sont organisées.

À la suite de la période dite des quarante-cinq jours, qui se clôt par l'armistice entre le royaume d'Italie et les puissances alliées, les Italiens se trouvent devant un choix précis : suivre Mussolini rétabli au pouvoir ou soutenir le gouvernement royal réfugié dans les zones contrôlées par les Alliés dans le Sud de la Péninsule. Ce choix amène la nécessité pour les Italiens de choisir lequel des deux gouvernements ils soutiennent ; qui trahir : le roi ou Mussolini ? Quel serment violer : celui dû au roi ou celui prêté au Duce ? En 1943, en Italie, la réponse à ces deux questions détermine l'appartenance à la Résistance ou au Parti Fasciste Républicain. Dès le 10 septembre 1943, la guerre civile se déchaîne en Italie, avec son cortège de violences de toutes natures. Elle se manifeste, au vu de la coexistence de deux lois sur un même territoire (la loi de la RSI et la loi de la résistance), de part et d'autre, par le retour à la pratique du banditisme. Par ailleurs, les deux camps se trouvent engagés dans une logique de représailles sans fin, similaire à celle connue par la France entre 1941 et 1944. En effet, le nombres d'Italiens tués par soldat allemand assassiné est, durant la période qui s'étend d'octobre 1943 à avril 1945, de 10 civils italiens pour un soldat (Pologne 100 civils pour 1 soldat). Aux yeux des résistants italiens, les représailles aveugles pratiquées par les troupes allemandes et les soldats de la RSI posent problème : faut-il renoncer à l'action pour éviter ces exactions ? En février 1944, le commandement militaire pour la Haute-Italie préconise la limitation des causes de représailles, et donc d'opérer une stricte sélection des actions de la Résistance. Mais cette attitude de la Résistance évolue au fil de l'année 1944 : certains préconisent de frapper encore plus fort, pour accélérer la fin de la guerre, affirmant qu'au final cela permettra d'économiser des vies. Mais ces exhortations doivent aussi être comprises par l'incapacité des troupes allemandes ou fascistes d'exercer de manière systématique les représailles annoncées.


Mussolini décide de rompre avec les idées de la classe dirigeante traditionnelle, qui l'a trahi, afin de revenir aux idéaux révolutionnaires de la naissance du fascisme. Le manifeste anti-bourgeois en 18 points adopté par le Parti fasciste républicain en novembre 1943 fonde sa politique. Le régime décide notamment :

 la politique économique est la « socialisation » sur la base de l'abolition du travail employé ;

 la propriété n'est garantie qu'avec réserve ;

 la nationalisation de secteurs clés de l'économie ; la nationalisation des entreprises de plus de 100 employés ;

 l'expropriation partielle des terres.

La politique de socialisation et la propagande sociale de la RSI ont particulièrement été incarnées par la personnalité de Nicola Bombacci, ancien cofondateur du Parti communiste italien, qui avait rompu avec le Parti communiste entre 1927 et 1930 avant de rejoindre progressivement le fascisme à partir de 1933. En 1945, La République Sociale nationalise un certain nombre d'entreprises lombardes, dont la Fiat.

La RSI s'est caractérisée par l'application de la Solution finale, sur inspiration allemande. Selon Liliana Piciotto Fargion, 35,5 % des Juifs italiens déportés furent arrêtés par les autorités de la RSI seules.

Ce régime parvient à se maintenir jusqu'en avril 1945. En effet, le 9 avril, les Alliés déclenchent une offensive contre la Ligne Gothique, balayée en quelques jours, grâce à l'appui tactique de la Résistance italienne. Dès le 12 avril, le Comité de libération donne l'ordre de capturer Mussolini et sa suite, alors en pleins préparatifs de fuite vers la Suisse. Le 27 avril 1945, le dirigeant fasciste est arrêté à Dongo par des partisans communistes et sommairement abattu le lendemain en compagnie de sa maîtresse, Clara Petacci. Les corps sont ramenés à Milan le même jour, et longuement exposés pendus par les pieds où ils subissent les outrages de la foule déchaînée contre la "Charogne". Après la guerre, les fascistes se regroupent dans le Mouvement social italien (MSI), dont le nom s'inspire directement de la République sociale.

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