mardi 16 août 2011

Et aujourd'hui ? (les mémoires de la guerre fin)

La polémique autour de la volonté du président Sarkozy de faire porter la mémoire d'un enfant juif mort pendant la guerre par chaque écolier français pose la question de la position des présidents de la République et des gouvernements français face à la responsabilité de la France et de l'Etat dans les déportations juives.
                            
 Les Présidents de la République et les gouvernements français se sont longtemps refusés à  reconnaître la responsabilité de la France et de l’Etat dans les déportations juives. C’est le cas de De Gaulle considérant Vichy comme nul et non avenu. C’est le cas de Georges Pompidou qui déclarait en 72 à propos du scandale provoqué par la grâce de Touvier : « Le moment n’est-il pas venu de jeter le voile, d’oublier ces temps où les Français ne s’aimaient pas, s’entre-déchiraient et même s’entretuaient ? »  C’est le cas aussi de François Mitterrand (fonctionnaire de Vichy, puis résistant).  Il consent à instituer une journée nationale du souvenir des « persécutions racistes et antisémites». Il est le premier chef d’état à assister à la cérémonie commémorant la grande rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 92, il inaugure aussi le musée mémorial d’Izieu dédié au souvenir des enfants juifs déportés. Mais il refuse catégoriquement d’assumer la responsabilité de la République et de l’Etat dans la Shoah, dans une démarche en quelque sorte très proche du résistancialisme. Il fait parallèlement fleurir chaque année la tombe du maréchal Pétain, ce qui n’est pas sans susciter le scandale…
                            
En 1995, le président Chirac reconnaît la responsabilité de l’Etat français et ses agissements criminels. Il proclame la « dette imprescriptible » de la France à l’égard des Juifs. Il prononce un discours clé, patrimonial : celui du 16 juillet 1995 lors de la commémoration de la grande rafle du Vel d’Hiv du 16 juillet 42. L’Eglise fait ensuite « repentance » et d’autres institutions demandent pardon, comme la police.
L’histoire de Vichy fait désormais partie intégrante de l’identité française. Les troubles de la mémoire résistante et la réalité d’une mémoire juive sont désormais intégrés dans l’histoire que la France souhaite voir transmise aux jeunes générations mais aussi dans la mémoire collective qu’elle garde de cette période. Un long travail de mémoire a aujourd’hui abouti en France à une vision démythifiée de la seconde guerre mondiale et du régime de Vichy. L’Histoire a enfin pu faire son travail, même si ce travail n’est toujours pas achevé, même s’il ne sera jamais fini.

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