mardi 16 août 2011

1947-1969, une mémoire troublée (les mémoires de la guerre 2)

Après 1947, la sacralisation de la Résistance sur laquelle la France a refait son unité nationale se ternit. Un mythe avait été mis en place, qu’il s’agit désormais de déboulonner, de soumettre à la critique.
On met en avant les excès de l’épuration sauvage, les règlements de compte sous couvert d’épuration. La guerre froide semble être la raison de cet affrontement de mémoires plurielles (communistes/gaullistes).  Dans l’immédiat après-guerre, la droite est discréditée par ses accointances avec le régime de Vichy mais elle profite ensuite des divisions des forces politiques dominantes (PCF / SFIO / MRP / RPF) pour refaire surface.  Dès 1950 De Gaulle considère que le maintien du maréchal Pétain en prison, alors qu’il est âgé de 95 ans, est désormais inutile. Il mourra cependant en prison en 1951.  Antoine Pinay devient Président du Conseil en 1952 alors qu’il a été fonctionnaire du régime de Vichy.  Une amnistie pour les collaborateurs jugés pendant l’épuration légale est adoptée avec deux lois successives, en 1951 et 1952 : la plupart des personnes encore détenues depuis la guerre sont alors libérées. En 1954, Raymond Aron développe une thèse qui fera longtemps autorité : De Gaulle était « l’épée » de la France alors que Pétain en aurait été le « bouclier »…On distingue dès lors un bon Vichy, celui de Pétain, et un mauvais Vichy, celui de Laval… En 1956, la commission de censure impose à Alain Resnais, l’auteur du film « Nuit et brouillard » de faire disparaître l’image d’un policier français devant le camp de Pithiviers.

 Le retour du général De Gaulle au pouvoir en 1958 dans le contexte très tendu de la guerre d’Algérie se traduit par une profonde volonté de rassemblement. La mémoire gaulliste de la 2ème GM s’impose et c’est le retour en force du résistancialisme dont le moment fort sera le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon en 1964, héros et martyr gaulliste (oraison funèbre de Malraux).
Honorer Jean Moulin, c’est bien sûr exalter l’unité de la résistance et le rôle unificateur du général De Gaulle, incarnation de la Résistance au-delà sa diversité. De Gaulle, c’est la France, c’est la Résistance, et la Résistance, c’est la France !...
Parallèlement le film « La grande Vadrouille » de Gérard Oury, avec Louis de Funès et Bourvil, connaît un énorme succès en pulvérisant tous les records d’audience dès sa sortie en 1966 : le souvenir de la guerre se banalise enfin.

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