mardi 19 février 2013

Procès de Riom


19 février : Ouverture du procès de Riom

 

Le gouvernement de Vichy assigne en justice les anciens dirigeants politiques et militaires français: Edouard Daladier, Guy La Chambre, Maurice Gamelin, Léon Blum et Robert Jacomet à Riom dans le Puy-de-Dôme. Ils sont accusés d'être responsables de la défaite de 1940. Plus de 400 témoins sont appelés à comparaître. Les juges ont pour instruction de juger les coupables sur la période allant de 1936 à 1940. Ainsi les actions du maréchal Pétain, ministre de la Guerre en 1934 sortent du champ du procès. Le procès de Riom tournera rapidement à la confusion et Hitler, irrité, le suspendra en avril. Les accusés seront renvoyés en prison puis livrés aux Allemands.

 

L'accusation voulait montrer que les politiques avaient commis de graves fautes, on leur reprochait notamment de ne pas avoir assez bien équipé l'armée. Plusieurs de ces erreurs, se cumulant, auraient été la cause de la défaite française face à l'armée allemande. Il n'est pas le premier procès de la défaite organisé en France du fait du précédent historique du procès de François Achille Bazaine à la suite de la défaite de 1870. Le procès devait surtout fournir une certaine légitimité au régime de Vichy, en démontrant que la IIIe République était un mauvais système politique, qui avait mené la France à la défaite. Certains membres de l'armée voyaient en ce procès un moyen de rejeter la faute de la rapide défaite française sur d'autres qu'eux ; et enfin, le régime nazi était trop heureux de démontrer l'inefficacité de la démocratie et de désigner ses responsables politiques comme « fauteurs de guerre » (c'était en effet, après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, la France et l'Angleterre qui avaient déclaré la guerre à l'Allemagne en 1939).

Alors que l'instruction piétine et que la tension monte dans le conflit, notamment après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne le 22 juin 1941, le maréchal Pétain annonce à la radio qu'il condamnera lui-même les coupables, en vertu de l'Acte constitutionnel no 7 du 27 janvier 1941, après avoir écouté l'avis d'un Conseil de justice politique qu'il instaure. Ce nouvel organe rend ses conclusions le 16 octobre 1941. Pétain décide alors :

  • d'abandonner les poursuites contre Paul Reynaud et Georges Mandel. Ces derniers seront tout de même incarcérés arbitrairement au fort du Portalet. Ils seront enlevés par les Allemands plus tard, et ne seront pas remis à la France, malgré les protestations officielles de Pétain pour qui cette « affaire » était du ressort de l'État français et non de l'occupant.
  • les cinq autres accusés sont inculpés et condamnés à la peine maximale prévue à l'article 7, la détention à vie dans une enceinte fortifiée.

Après que Pétain a condamné les responsables politiques, ce sont les hommes, en tant que citoyens, qui seront jugés à Riom (conformément à l'article 4 de l'Acte constitutionnel no 7 qu'il avait décrété). C'est ainsi que le président de la Cour, Caous, précise au début du procès que les accusés sont considérés comme de simples prévenus et que « pour la cour, le procès n'est pas et ne sera jamais un procès politique ».

Les cinq personnes inculpées furent :


Léon Blum, Édouard Daladier et le général Maurice Gamelin furent également détenus au château de Chazeron et au fort du Portalet. Guy La Chambre et Robert Jacomet au château de Bourrassol sur la commune de Ménétrol dans le Puy-de-Dôme.

Les deux autres inculpés qui ne furent pas poursuivis étaient :

  • Paul Reynaud, ancien président du Conseil en 1940 ; le 5 septembre 1940, il est interné au château de Chazeron, puis au fort du Portalet, comme étant l'un des responsables de la défaite. Il est ensuite pris par les Allemands et emprisonné au camp d'Oranienburg en 1942. En 1943, il est transféré au château d'Itter dans le Tyrol où il retrouve Daladier, Gamelin et Jouhaux. Il est libéré par les troupes américaines en 1945.
  • Georges Mandel, ancien ministre de l'Intérieur ; interné puis remis aux Allemands (novembre 1942). (Pendant toute l'Occupation, la presse collaboratrice le dénonça avec acharnement, et après le meurtre de Philippe Henriot par la Résistance, les nazis le livrèrent à la Milice française qui l'assassina en forêt de Fontainebleau en 1944.)

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