1964 : Naissance de la CFDT
La CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens) change de nom lors de son congrès extraordinaire tenu à Paris. Le syndicat de 800 000 membres devient la CFDT (Confédération française des travailleurs démocratique). Eugène Deschamps le secrétaire général, donne ainsi un nouvelle élan idéologique à la gauche dans le monde du travail.
La Confédération française
démocratique du travail (CFDT) est une confédération interprofessionnelle
de syndicats français de salariés, la
première par le nombre d'adhérents (plus de 800 000),
la seconde par son audience électorale tant aux élections
professionnelles qu'aux élections prud'homales.
La CFDT plonge ses racines dans le syndicalisme
chrétien. Elle a été créée en 1919 sous le nom de Confédération
française des travailleurs chrétiens (CFTC). Après la Libération, une minorité de gauche, regroupée
dans la tendance « reconstruction », anime un débat interne en faveur de la « déconfessionnalisation
» de la centrale. Sous la conduite d'Eugène
Descamps, qui devient secrétaire général de la CFTC, elle devient
majoritaire en 1961.
La rupture se produit en 1964 : le congrès extraordinaire qui se tient au
Palais des Sports les 6 et 7 novembre transforme la CFTC en CFDT. Une minorité
(environ 10 % des effectifs), qui suit, notamment, Joseph Sauty, refonde aussitôt une
« CFTC maintenue » dans une autre salle parisienne, le Musée
social.
La CFDT déclare désormais placer son action dans
le cadre de la lutte des classes. La CFDT se rapproche du
socialisme et notamment du Parti socialiste unifié (PSU) mené
par Michel
Rocard. De 1966
à 1970, elle passe
également des accords d'action avec la CGT. En mai
1968, la CFDT appelle à l'action dans les entreprises. Ceci sera à
l'origine de la création des sections syndicales d'entreprises lors des accords de Grenelle. Au congrès de 1970, la CFDT adopte de
nouveaux statuts. Elle prône l'autogestion
des entreprises. En 1971,
Edmond
Maire est élu secrétaire général. De nombreux militants cédétistes
participent aux « Assises du socialisme » (1974) et rejoignent à cette occasion
le Parti socialiste (PS) de François Mitterrand. Ils y animent une minorité
de sensibilité « chrétienne de gauche » derrière Michel Rocard dans le cadre de
ce qui a été baptisé la deuxième
gauche. La CFDT collabore alors avec plusieurs associations de la société
civile, dont le Gisti.
Cependant, la rupture de l'Union de la gauche (1977) et l'échec de celle-ci aux
élections législatives de 1978 conduit la centrale d'Edmond Maire à un
changement de stratégie. Elle s'éloigne de la CGT et entreprend un mouvement de
« resyndicalisation » (ou de « recentrage sur l'action syndicale ») qui
consiste notamment à prendre de la distance face aux partis politiques. Elle
appelle pour la dernière fois à voter socialiste à la présidentielle de 1981.
Si elle soutient le « tournant de la rigueur » de 1983, elle se définira
ensuite par son autonomie, n'hésitant pas à soutenir des réformes menées par
des gouvernements de droite lorsqu'elles lui paraissent justifiées. Une
importante minorité conteste ce « recentrage ». Au congrès de Strasbourg,
qui se tient du 21 au 26 novembre 1988, Jean Kaspar est élu secrétaire général. La fédération Sud-PTT nait le
16 décembre 1988 au terme d'un conflit politique au sein de la fédération des
PTT à la suite duquel plusieurs responsables, principalement de la région
parisienne, ont été démandatés lors des Conseils Nationaux Fédéraux de novembre
et décembre 1988. Ces militants n'ont pas suivi le virage réformiste de la
CFDT, venus souvent de l'extrême-gauche, ils se déclarent autogestionnaires
et mettent l'accent sur une nouvelle forme de démocratie interne. En 1992, Nicole
Notat est élue secrétaire générale. Elle est la première femme à occuper un
tel poste dans une confédération syndicale de salariés en France. Lors des grèves de décembre 1995, elle soutient le
projet de réforme de la Sécurité sociale du Premier Ministre RPR Alain
Juppé. Devenu l'interlocuteur privilégié des employeurs et des
gouvernements, la CFDT prend la présidence de la Caisse nationale d'Assurance
Maladie des Travailleurs salariés (CNAM) et de l'Unedic. Ces choix de la direction nationale, en
rupture par rapport aux positions de la CFDT dans les années 1970, sont
contestés par une minorité qui sera mise en échec au Congrès de Lille en 1998.
En 2002, François Chérèque, ancien secrétaire général de
la fédération CFDT Santé-sociaux, est élu secrétaire général. Il est reconduit
dans ses fonctions lors du congrès de Grenoble du 12 au 16 juin 2006 et du congrès de Tours le 10 juin 2010. En 2003, au nom du «
réformisme », la CFDT négocie aux côtés des autres centrales la réforme des retraites de 2003 qui sera mise
en place par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Mais l'unité syndicale
ne tient pas, et la centrale est seule, avec la CFE-CGC, à soutenir un projet
de réforme contesté par les autres organisations qui considèrent cette réforme
comme une régression sociale. Cette prise de position a des conséquences
internes pour la CFDT qui perd au moins 10 % de ses adhérents en trois ans.
Selon la centrale elle-même, les effectifs passent de 889 000, fin 2002, à 807
000, fin 2005. Cette baisse des effectifs est due à un non renouvellement
d'adhésions individuelles mais aussi au départ de plusieurs syndicats. Le 13 avril 2005, sur son site
internet, la CFDT reconnaît la perte de 71 124 adhérents pour les années 2003
et 2004, ce qui ramène ses effectifs de 889 160 fin 2002 à 818 036 fin 2004
(cette perte est en partie compensée par plus de 40 000 nouvelles adhésions
cette même année).
En mars 2003, afin de développer sa présence sur
les universités, la CFDT décide d'appuyer la création d'un syndicat étudiant issue d'une tendance de l'UNEF : la Confédération étudiante. Ce partenariat
permet à la CFDT d'informer les étudiants salariés de leurs droits lors
d'action sur les zones de travail estivales ou les campus.
À la suite du rejet du traité constitutionnel
européen, la CFDT, qui a appelé à voter « oui », participe à la création du
mouvement Sauvons l'Europe et y adhère en tant
qu'organisation membre. Selon un sondage Ifop-Ouest France Dimanche du
23 avril 2006, la CFDT est la confédération à laquelle les Français font le
plus confiance (61 % contre 51 % pour la moyenne des syndicats). Cependant,
elle arrive régulièrement en seconde position derrière la CGT lors des
élections professionnelles. Elle recueille environ 25 % des voix.
En 2006, la CFDT dénonce le contrat première embauche (CPE) et
rejoint les autres syndicats au sein des intersyndicales et des manifestations
afin de demander le retrait de celui-ci. Lors du congrès de Grenoble
de juin 2006,
François Chérèque défend le bilan de ces quatre
dernières années et critique ouvertement le gouvernement et le MEDEF. Les débats principaux
concernent notamment le thème de l'insertion des jeunes dans le monde du
travail, la sécurisation des parcours professionnels et la priorité à la
construction d'une Europe sociale. Ce congrès est également marqué par une
volonté de porter une attention privilégiée à l’adhérent et souligne la
nécessité de « porter un regard lucide pour mieux travailler avec les jeunes
pour leur avenir. » Il s'achève par un appel à construire l’avenir.
La CFDT fait partie des huit syndicats qui ont
organisé en six mois huit grandes manifestations de rue lors des grèves contre
la réforme française des retraites de 2010.
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