mercredi 11 juillet 2012

Ravachol sur l'échafaud


1892 : Ravachol sur l'échafaud
L'activiste anarchiste français François Koenigstein, dit Ravachol, est guillotiné à Montbrison. Il avait fait exploser les domiciles de deux juristes parisiens au mois de mars ainsi qu'une caserne. Il est d'abord condamné au bagne à perpétuité pour ces attentats mais les meurtres qu'il a commis dans sa région d'origine, la Loire, lui vaudront la peine de mort. Quand le 21 juin Ravachol apprend la sentence, il s'écrit : "Vive l'anarchie".

L’anarchie désigne la situation d’une société où il n'existe pas de chef, pas d'autorité unique, autrement dit où chaque sujet ne peut prétendre à un pouvoir sur l'autre. Il peut exister une organisation, un pouvoir politique ou même plusieurs, mais pas de domination unique ayant un caractère coercitif. L’anarchie peut, étymologiquement, également être expliquée comme le refus de tout principe premier, de toute cause première, et comme revendication de la multiplicité face à l’unicité. Le mot anarchie est employé tantôt comme synonyme de désordre social que l’on retrouve dans le sens courant, qui se rapproche de l’anomie, tantôt comme un but pratique à atteindre dans le cadre d'une idéologie comme c’est le cas pour les anarchistes.

Les anarchistes rejettent en général la conception courante de l’anarchie (utilisée dans le langage courant, par les médias et les pouvoirs politiques). Pour eux, au contraire, l’ordre naît de la liberté, tandis que les pouvoirs engendrent le désordre. Certains anarchistes useront du terme acratie, du grec κράτος / krátos (le pouvoir) donc littéralement « absence de pouvoir », plutôt que du terme « anarchie », d’étymologie grecque lui aussi, qui leur semble devenu ambigu, porteur d’un aspect positif mais d’une trop grande connotation négative pour pouvoir être employé comme synonyme d’un objectif désirable. De même, certains anarchistes auront plutôt tendance à utiliser le terme de « libertaires » pour se désigner, ou indifféremment ceux de « fédéralistes », « anti-étatistes » ou « anti-autoritaires ».  Il est arrivé à Bakounine lui-même d’utiliser « anarchie » au sens de désordre, et l’on retrouve cette acception dans les écrits du Comité central de l’Internationale genevoise. Ces formulations ne se retrouvent toutefois plus chez les anarchistes actuels.
Cependant, les anarchistes utilisent encore le terme, porteur d’une histoire indissociable d’autres notions qui s’y rattachent comme l’anarchisme ou l’anarchie positive de Proudhon (qui est d’ailleurs le premier à donner un sens précis au mot anarchie, utilisé auparavant en guise d’insulte dans les milieux politiques sans avoir jamais été véritablement défini). L’anarchie aux yeux des anarchistes n’est pas un chaos, mais la situation harmonieuse résultant de l’abolition de l’État et de toutes les formes de l’exploitation de l’humain par l’humain, « c'est l'ordre sans le pouvoir », « la plus haute expression de l'ordre » (Élisée Reclus). Fondée sur l’égalité entre les individus, l’association libre, bien souvent la fédération et l’autogestion, voire pour certains le collectivisme, l’anarchie est donc organisée, structurée, sans admettre pour autant, aux yeux des anarchistes anticapitalistes, de principe de supériorité quelconque de l'organisation sur l'individu. On peut noter que chez tous les anarchistes la qualité indispensable est la responsabilité individuelle (associé au droit naturel) qui permet d’agir dans l’intérêt personnel sans pour autant attenter à la liberté des autres. Les seuls mandatés le sont, par volontarisme et sans durée précise, dans un but et sur un mandat précis, et il n’existe ainsi nulle forme de domination ni de gouvernement.

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