dimanche 20 mai 2012

République et société


De 1880 à nos jours, la République a dû s’adapter aux évolutions culturelles et sociales. L’idée républicaine a dû répondre aux bouleversements des structures sociales, à l’affirmation des femmes ou encore aux mutations des religions.

I. Pourquoi le Front Populaire marque-t-il une rupture dans l’histoire des rapports entre les ouvriers et la République ?

A. Des ouvriers longtemps marginalisés dans la République

- Des ouvriers plus nombreux et mieux organisés : Avec la 2nde RI, le nombre d’ouvriers augmente. Hommes et femmes se regroupent dans les villes. Leurs conditions de travail sont très dures : Journées de travail de plus de 12 heures, salaires ne permettant que de se loger et de se nourrir, pas de protection sociale.

Dans les années 1890-1900, les revendications sociales se développent et les ouvriers s’organisent par le biais des syndicats (Association de personnes ayant pour but la défense d’intérêts communs surtout dans le domaine professionnel) comme la CGT en 1895. Ils ont souvent recours à la grève (1864) et la SFIO (Ancêtre du PS) voit le jour en 1905 pour défendre les intérêts des ouvriers.
- Une forte répression et les 1ères lois sociales : Les grèves sont réprimées avec force par les gouvernements républicains qui veulent empêcher le blocage des usines. La violence de la répression par la police et l’armée est souvent à l’origine de morts (Ex : Gouvernement Clémenceau 1906, 1907, le « briseur de grèves »)

Cependant, face aux revendications croissantes, la République légifère : Interdiction du travail de nuit pour les femmes en 1892, repos hebdomadaire obligatoire en 1906, une loi sur les retraites, financées par les employeurs, les salariés et l’Etat est votée en 1910 mais ses effets restent limités.

B. 1936, une rupture dans les relations entre la République et les ouvriers

- Les difficultés des ouvriers : Malgré la croissance des années 20, les ouvriers (40% de la population) voient leurs conditions de vie s’améliorer très lentement. L’essor du travail à la chaîne, les cadences et les salaires au rendement sont critiqués. Dans les années 30, la crise est à l’origine d’une montée du chômage (12 000 chômeurs en 1930, 500 000 en 1935)

- La victoire de la gauche unie : Devant la montée de l’extrême droite et les émeutes du 6 février 1934 perçues comme une tentative de coup d’Etat, les partis de gauche (PCF, SFIO et Parti Radical) forment une alliance électorale : Le Front Populaire. Leur programme (le Pain, la Paix et la liberté) leur permet de remporter les législatives et 1936. Léon Blum forme un gouvernement. Ce succès déclenche une vague d’espoir et l’attente des 1ères mesures déclenche des grèves d’espoirs (Les grèves joyeuses). Les ouvriers aspirent à une reconnaissance.

- Les mesures du Front populaire : Pour la 1ère fois, l’Etat joue le rôle d’arbitre dans le dialogue entre le patronat et les syndicats. Les 7 et 8 juin 1936, les accords de Matignon prévoient une hausse des salaires, mettent en place des conventions collectives (Accords relatifs aux conditions de travail et aux garanties sociales négociées par les syndicats salariés et les organisations patronales. Ils remplacent le contrat de travail individuel). Le temps de travail est réduit de 48 à 40 heures et les deux semaines de congés payés sont adoptées.

- Une rupture politique : Le Front populaire, devant des désaccords internes et l’échec de sa politique économique se dissout en 1937. L’augmentation des salaires et le temps de travail seront remis en cause mais cet épisode reste inscrit dans les mémoires ouvrières comme la reconnaissance de la question sociale.


C. Vers une république sociale

- Au lendemain de la 2nde Guerre mondiale, la République réaffirme sa dimension sociale : Comités d’entreprise, sécurité sociale qui étend la protection à tous les travailleurs, création du SMIG en 1950.

- Les grèves de mai 68 permettent d’obtenir une 4° semaine de congé payé (5° en 1981 par Mitterrand). Les lois Aubry en 1998 mettent en place les 35 heures.

Les ouvriers, catégorie exclue de la République s’intègre peu à peu. Cependant, la fin des 30 Glorieuses et la tertiarisation de l’économie réduisent le nombre d’ouvrier dans la population active. Beaucoup se réfugient dans le vote protestataire, à l’extrême droite ou à l’extrême gauche.

II Quelle est la place des religions dans une République laïque ?

A. La naissance de la République laïque

- Fin XIX°, la France est sous le régime du Concordat depuis 1801 (Bonaparte). L’Eglise catholique est désormais placée sous le contrôle de l’Etat et doit partager sa place avec d’autres cultes (Protestantisme et judaïsme). Ceci lui permet de garder un rôle majeur dans la société, l’Etat lui confiant des missions de service public comme l’enseignement ou l’action sanitaire.

- Quand les Républicains arrivent au pouvoir dans les années 1870, l’Eglise catholique est un adversaire politique opposée à la république. Or, l’éducation est largement assurée par des congrégations (Association de religieux ou de religieuses)

B. Les grandes lois laïques de la III° République

- Dès 1871, la III° République entend délimiter clairement les attributions des Eglises et de l’Etat. Cette laïcisation (Mise en pratique des principes de laïcité à l’intérieur d’un Etat, c’est-à-dire une politique de neutralité par rapport aux différents cultes) commence par les hôpitaux de Paris en 1880. Les crucifix sont retirés des murs. Dans les tribunaux, le nom de Dieu est supprimé des serments. Cependant c’est dans le cadre de l’école que les actions sont les plus importantes : Ecole gratuite, laïque et obligatoire en 1881/82 par Jules Ferry, interdiction de l’enseignement aux congrégations en 1902

- Entre 1899 et 1904, les radicaux mènent une politique anticléricale qui durcit les relations entre la République et la papauté. La loi du 9 décembre 1905 garanti la liberté de conscience, le libre exercice des cultes, mais n’en reconnaît, ni n’en subventionne aucun. Elle débouche sur la querelle des inventaires des biens du clergé pour la mise en place des associations cultuelles.

C. La laïcité en question

- Après la 1ère Guerre mondiale, le climat s’apaise entre l’Eglise catholique et la République. (la chambre conservatrice de 1919 accepte de maintenir le Concordat en Alsace Moselle). En 1945, le principe de laïcité est inscrit dans la constitution et la sécularisation (Réduction de l’influence de la religion dans la sphère publique) se développe.

- L’Ecole se retrouve souvent au cœur du débat comme en 1984 avec la mobilisation des catholiques contre un projet de grand service public de l’enseignement ou en 1989 avec l’affaire du voile islamique. L’application de la laïcité n’est pas toujours facile notamment avec l’émergence du communautarisme (Conception de la société sur une organisation en communauté inconciliable avec l’égalité individuelle de la République).

III. Comment les droits de la femme se sont-ils affirmés au XX° siècle ?

A. La reconnaissance des droits civils et politiques

La République délivre la femme du droit napoléonien qui l’avait placée sous la tutelle masculine : Retrait d’argent sur son livret d’épargne sans l’autorisation de son mari en 1895. En 1907, elle peut disposer de son salaire mais pas de ses autres biens. La 1ère Guerre mondiale accélère cette émancipation (Mouvement des suffragettes, militant pour le droit de vote des femmes dans l’entre-deux-guerres) mais il faut attendre 1944 pour le droit de vote. La Constitution de 1946 entérine cette conquête mais cette égalité des droits ne s’accompagne pas d’une égalité d’accès aux fonctions politiques. En 2000 une loi sur la parité prévoit l’alternance homme-femme sur les scrutins de liste (Municipales, régionales : 47,6% dans les conseils régionaux en 2004) mais elles restent très minoritaires à l’Assemblée Nationale (18,5% en 2007)

B. Une scolarisation massive mais une professionnalisation toujours inégale

- L’école républicaine est un vecteur d’émancipation féminine. Il faut attendre 1924 pour que les programmes scolaires soient les mêmes pour les garçons et les filles. En 1964, pour la 1ère fois le nombre de bachelières est supérieur au nombre de bacheliers.
- Dans le monde du travail, les inégalités demeurent. Le travail des femmes est ancien et pendant longtemps, il n’est pas comptabilisé (Femmes d’agriculteurs, de commerçants). Au XX° siècle, présente dans l’industrie (36% de la main d’œuvre), on les trouve dans le textile ou l’alimentaire. Elles sont souvent peu qualifiées et moins payées. A partie de 1945, la tertiarisation de l’économie leur profite. Des lois sont votées contre la discrimination (Loi Roudy en 1983), sur l’égalité de salaire (2006) mais aujourd’hui encore elles sont peu nombreuses aux postes de direction des grandes entreprises et, à qualification égale, elles gagnent 20% de moins que les hommes en moyenne).

C. Le combat pour le droit de disposer librement de son corps
- En 1949, Simone de Beauvoir publie le « Deuxième sexe » et affirme que l’on ne naît pas femme mais qu’on le devient. Un autre avenir que la maternité est possible. En 1960, le mouvement français pour le planning familial ouvre des centres et prescrit des contraceptifs venant de l’étranger. La loi Neuwirth en 1967 légalise la contraception. Le Mouvement de Libération de la Femme (1970) milite pour que la maternité soit un choix (Manifeste des 343 en 1971). L’avortement clandestin est responsable de la mort de 300 femmes par an. La loi Veil, votée dans un climat très violent, légalise l’IVG en 1974.

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