De 1880 à nos jours, la République a dû s’adapter aux évolutions
culturelles et sociales. L’idée républicaine a dû répondre aux bouleversements
des structures sociales, à l’affirmation des femmes ou encore aux mutations des
religions.
I. Pourquoi le Front Populaire marque-t-il une rupture dans
l’histoire des rapports entre les ouvriers et la République ?
A. Des ouvriers longtemps
marginalisés dans la République
- Des ouvriers plus nombreux et
mieux organisés : Avec la 2nde RI, le nombre d’ouvriers augmente. Hommes et
femmes se regroupent dans les villes. Leurs conditions de travail sont très
dures : Journées de travail de plus de 12 heures, salaires ne permettant que de
se loger et de se nourrir, pas de protection sociale.
Dans les années 1890-1900, les
revendications sociales se développent et les ouvriers s’organisent par le
biais des syndicats (Association de personnes ayant pour but la défense
d’intérêts communs surtout dans le domaine professionnel) comme la CGT en 1895.
Ils ont souvent recours à la grève (1864) et la SFIO (Ancêtre du PS) voit le
jour en 1905 pour défendre les intérêts des ouvriers.
- Une forte répression et les
1ères lois sociales : Les grèves sont réprimées avec force par les
gouvernements républicains qui veulent empêcher le blocage des usines. La
violence de la répression par la police et l’armée est souvent à l’origine de
morts (Ex : Gouvernement Clémenceau 1906, 1907, le « briseur de grèves »)
Cependant, face aux
revendications croissantes, la République légifère : Interdiction du travail de
nuit pour les femmes en 1892, repos hebdomadaire obligatoire en 1906, une loi
sur les retraites, financées par les employeurs, les salariés et l’Etat est
votée en 1910 mais ses effets restent limités.
B. 1936, une rupture dans les
relations entre la République et les ouvriers
- Les difficultés des ouvriers :
Malgré la croissance des années 20, les ouvriers (40% de la population) voient
leurs conditions de vie s’améliorer très lentement. L’essor du travail à la
chaîne, les cadences et les salaires au rendement sont critiqués. Dans les
années 30, la crise est à l’origine d’une montée du chômage (12 000 chômeurs en
1930, 500 000 en 1935)
- La victoire de la gauche unie :
Devant la montée de l’extrême droite et les émeutes du 6 février 1934 perçues
comme une tentative de coup d’Etat, les partis de gauche (PCF, SFIO et Parti
Radical) forment une alliance électorale : Le Front Populaire. Leur programme
(le Pain, la Paix et la liberté) leur permet de remporter les législatives et
1936. Léon Blum forme un gouvernement. Ce succès déclenche une vague d’espoir
et l’attente des 1ères mesures déclenche des grèves d’espoirs (Les grèves
joyeuses). Les ouvriers aspirent à une reconnaissance.
- Les mesures du Front populaire
: Pour la 1ère fois, l’Etat joue le rôle d’arbitre dans le dialogue entre le
patronat et les syndicats. Les 7 et 8 juin 1936, les accords de Matignon
prévoient une hausse des salaires, mettent en place des conventions collectives
(Accords relatifs aux conditions de travail et aux garanties sociales négociées
par les syndicats salariés et les organisations patronales. Ils remplacent le
contrat de travail individuel). Le temps de travail est réduit de 48 à 40
heures et les deux semaines de congés payés sont adoptées.
- Une rupture politique : Le
Front populaire, devant des désaccords internes et l’échec de sa politique
économique se dissout en 1937. L’augmentation des salaires et le temps de
travail seront remis en cause mais cet épisode reste inscrit dans les mémoires
ouvrières comme la reconnaissance de la question sociale.
C. Vers une république sociale
- Au lendemain de la 2nde Guerre
mondiale, la République réaffirme sa dimension sociale : Comités d’entreprise,
sécurité sociale qui étend la protection à tous les travailleurs, création du
SMIG en 1950.
- Les grèves de mai 68 permettent
d’obtenir une 4° semaine de congé payé (5° en 1981 par Mitterrand). Les lois
Aubry en 1998 mettent en place les 35 heures.
Les ouvriers, catégorie exclue de la République s’intègre peu à peu.
Cependant, la fin des 30 Glorieuses et la tertiarisation de l’économie
réduisent le nombre d’ouvrier dans la population active. Beaucoup se réfugient
dans le vote protestataire, à l’extrême droite ou à l’extrême gauche.
II Quelle est la place des religions dans une République laïque ?
A. La naissance de la
République laïque
- Fin XIX°, la France est sous le
régime du Concordat depuis 1801 (Bonaparte). L’Eglise catholique est désormais
placée sous le contrôle de l’Etat et doit partager sa place avec d’autres
cultes (Protestantisme et judaïsme). Ceci lui permet de garder un rôle majeur
dans la société, l’Etat lui confiant des missions de service public comme
l’enseignement ou l’action sanitaire.
- Quand les Républicains arrivent
au pouvoir dans les années 1870, l’Eglise catholique est un adversaire
politique opposée à la république. Or, l’éducation est largement assurée par
des congrégations (Association de religieux ou de religieuses)
B. Les grandes lois laïques de
la III° République
- Dès 1871, la III° République
entend délimiter clairement les attributions des Eglises et de l’Etat. Cette
laïcisation (Mise en pratique des principes de laïcité à l’intérieur d’un Etat,
c’est-à-dire une politique de neutralité par rapport aux différents cultes)
commence par les hôpitaux de Paris en 1880. Les crucifix sont retirés des murs.
Dans les tribunaux, le nom de Dieu est supprimé des serments. Cependant c’est
dans le cadre de l’école que les actions sont les plus importantes : Ecole
gratuite, laïque et obligatoire en 1881/82 par Jules Ferry, interdiction de
l’enseignement aux congrégations en 1902
- Entre 1899 et 1904, les
radicaux mènent une politique anticléricale qui durcit les relations entre la
République et la papauté. La loi du 9 décembre 1905 garanti la liberté de
conscience, le libre exercice des cultes, mais n’en reconnaît, ni n’en
subventionne aucun. Elle débouche sur la querelle des inventaires des biens du
clergé pour la mise en place des associations cultuelles.
C. La laïcité en question
- Après la 1ère Guerre mondiale,
le climat s’apaise entre l’Eglise catholique et la République. (la chambre
conservatrice de 1919 accepte de maintenir le Concordat en Alsace Moselle). En
1945, le principe de laïcité est inscrit dans la constitution et la
sécularisation (Réduction de l’influence de la religion dans la sphère
publique) se développe.
- L’Ecole se retrouve souvent au
cœur du débat comme en 1984 avec la mobilisation des catholiques contre un
projet de grand service public de l’enseignement ou en 1989 avec l’affaire du
voile islamique. L’application de la laïcité n’est pas toujours facile
notamment avec l’émergence du communautarisme (Conception de la société sur une
organisation en communauté inconciliable avec l’égalité individuelle de la
République).
III. Comment les droits de la femme se sont-ils affirmés au XX°
siècle ?
A. La reconnaissance des
droits civils et politiques
La République délivre la femme du
droit napoléonien qui l’avait placée sous la tutelle masculine : Retrait
d’argent sur son livret d’épargne sans l’autorisation de son mari en 1895. En
1907, elle peut disposer de son salaire mais pas de ses autres biens. La 1ère
Guerre mondiale accélère cette émancipation (Mouvement des suffragettes,
militant pour le droit de vote des femmes dans l’entre-deux-guerres) mais il
faut attendre 1944 pour le droit de vote. La Constitution de 1946 entérine
cette conquête mais cette égalité des droits ne s’accompagne pas d’une égalité
d’accès aux fonctions politiques. En 2000 une loi sur la parité prévoit
l’alternance homme-femme sur les scrutins de liste (Municipales, régionales :
47,6% dans les conseils régionaux en 2004) mais elles restent très minoritaires
à l’Assemblée Nationale (18,5% en 2007)
B. Une scolarisation massive
mais une professionnalisation toujours inégale
- L’école républicaine est un
vecteur d’émancipation féminine. Il faut attendre 1924 pour que les programmes
scolaires soient les mêmes pour les garçons et les filles. En 1964, pour la
1ère fois le nombre de bachelières est supérieur au nombre de bacheliers.
- Dans le monde du travail, les
inégalités demeurent. Le travail des femmes est ancien et pendant longtemps, il
n’est pas comptabilisé (Femmes d’agriculteurs, de commerçants). Au XX° siècle,
présente dans l’industrie (36% de la main d’œuvre), on les trouve dans le
textile ou l’alimentaire. Elles sont souvent peu qualifiées et moins payées. A
partie de 1945, la tertiarisation de l’économie leur profite. Des lois sont
votées contre la discrimination (Loi Roudy en 1983), sur l’égalité de salaire
(2006) mais aujourd’hui encore elles sont peu nombreuses aux postes de
direction des grandes entreprises et, à qualification égale, elles gagnent 20%
de moins que les hommes en moyenne).
C. Le combat pour le droit de
disposer librement de son corps
- En 1949, Simone de Beauvoir
publie le « Deuxième sexe » et affirme que l’on ne naît pas femme mais qu’on le
devient. Un autre avenir que la maternité est possible. En 1960, le mouvement
français pour le planning familial ouvre des centres et prescrit des
contraceptifs venant de l’étranger. La loi Neuwirth en 1967 légalise la
contraception. Le Mouvement de Libération de la Femme (1970) milite pour que la
maternité soit un choix (Manifeste des 343 en 1971). L’avortement clandestin
est responsable de la mort de 300 femmes par an. La loi Veil, votée dans un
climat très violent, légalise l’IVG en 1974.
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