lundi 13 février 2012

La conquête de l’Europe (1939-1940)


Hitler a eu de « brillantes » intuitions, lors de la première phase de la Seconde Guerre mondiale. La Wehrmacht applique la Blitzkrieg (guerre éclair, impliquant un emploi massif et concentré des bombardiers et des blindés), qui lui permet d’occuper successivement la Pologne (septembre 1939), le Danemark (avril 1940), la Norvège (avril-mai 1940), les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique (mai 1940), la France (mai-juin 1940), la Yougoslavie (avril 1941) et la Grèce (avril-mai 1941).  En particulier, la défaite rapide de la France en juin 1940 est un véritable triomphe pour Hitler, qui est acclamé par une foule massive à son retour à Berlin en juillet. Cependant, cet éternel joueur de dés remet tout en jeu en agressant l'URSS le 22 juin 1941, décision à terme fatale.  La guerre radicalise son régime et lui fait prendre ses traits les plus meurtriers. De même que l'attaque de la Pologne donne le signal du massacre des handicapés mentaux ou de la répression de masse contre les peuples slaves, c'est dans la guerre d'extermination (Vernichtungskrieg) planifiée contre les populations soviétiques que s'élabore notamment la Solution Finale. Toute l'Europe occupée est livrée à la terreur et au pillage, avec des degrés divers selon le sort qu'Hitler réserve à chaque "race" et à chaque pays.
Son mépris total du droit international a facilité la tâche à Hitler, tout comme son absence complète de scrupules, ainsi que la passivité frileuse ou la naïveté de nombre de ses victimes. Ainsi, six de ces pays (Danemark, Norvège, Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, Yougoslavie) sont des États neutres, attaqués par surprise, sans même la formalité d’une déclaration de guerre. Hitler a souvent exprimé à ses proches son sentiment selon lequel les traités diplomatiques ou de non-agression qu’il signait au nom de l’Allemagne n’étaient, pour lui, que des papiers sans réelle valeur, uniquement destinés à endormir la méfiance adverse. Au procès de Nuremberg, le Troisième Reich se verra reprocher la violation de 34 traités internationaux.
De même, Hitler n’hésite pas à recourir à des méthodes de terreur pour faire plier l’ennemi. Il ordonne ainsi la destruction par les airs du centre de Rotterdam le 14 mai 1940, ou le terrible bombardement de Belgrade (6-9 avril 1941), en représailles à un putsch antihitlérien d’officiers serbes hostiles à l’adhésion à l’Axe. La Wehrmacht s’illustre aussi dans son avancée par un certain nombre de crimes de guerre, ainsi le massacre de 1500 à 3000 soldats noirs des troupes coloniales en France, premières victimes dans ce pays du racisme hitlérien.
Autodidacte en matière militaire, Hitler juge que les généraux de la vieille école dominant la Wehrmacht, souvent issus de l’aristocratie prussienne (généralement méprisée par les nazis qui se considèrent révolutionnaires), sont trop prudents et dépassés par les conceptions de la guerre moderne (la Blitzkrieg et la guerre psychologique). Les succès sont avant tout ceux de jeunes généraux talentueux tels que Heinz Guderian ou Erwin Rommel, qui savent faire preuve d’audace, d’initiatives, et ont une conception de la guerre plus novatrice que leurs adversaires.
Toutefois, Hitler lui-même démontre une certaine habileté et audace stratégique. Il est ainsi persuadé que la France ne bougera pas pendant que la Pologne sera envahie, évitant à l’Allemagne de combattre sur deux fronts, ce qui est effectivement le scénario de la drôle de guerre. Il est également en grande partie à l’origine du plan dit « von Manstein », qui permet, en envahissant la Belgique et la Hollande, de piéger les forces franco-britanniques projetées trop en avant et de les prendre à revers par une percée dans les Ardennes dégarnies, pour isoler le meilleur des troupes adverses acculées à Dunkerque en mai-juin 1940. Cependant, le 24 mai, Hitler, redoutant qu'une avance trop rapide ne fournisse à l'ennemi l'occasion d'une improbable deuxième victoire de la Marne, commet l'erreur d'ordonner à ses troupes de marquer un arrêt devant le port, d’où rembarquent alors 300 000 soldats britanniques, ordre qualifié plus tard de « miracle de Dunkerque ». Le 17 juin 1940, après la demande de l'armistice Wilhelm Keitel appelle Hitler « le plus grand général de tous les temps ». Le 22 juin, dans la clairière de Rethondes, lors de l'Armistice franco-allemand qu'il a symboliquement exigé de voir signer dans la même clairière et le même wagon qu'en 1918, Hitler exulte devant les caméras des actualités allemandes. Avant l’invasion de la Russie un an plus tard, l’Allemagne hitlérienne domine donc l’Europe, ajoutant au printemps 1941 la Yougoslavie et la Grèce à son empire, envahis pour venir en aide à Mussolini, jaloux des succès de Hitler mais lui-même vite empêtré dans les Balkans. Avec ses succès militaires et la disparition de l’influence française en Europe centrale, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie (dont les champs de pétrole sont une obsession continuelle pour Hitler durant la guerre) et la Bulgarie, en adhérant au Pacte tripartite, tombent dans l’orbite de l’Allemagne, mettant à sa disposition des bases pour de futures actions.
Entre juin 1940 et juin 1941, le seul adversaire de l’Allemagne nazie reste le Royaume-Uni, appuyé par le Commonwealth. Hitler est plutôt enclin à des relations cordiales avec les Anglais, considérés racialement comme proches des Germaniques. Il espère que le gouvernement britannique finira par négocier la paix et qu’il acceptera de se contenter de son empire colonial et maritime sans plus intervenir sur le continent. Hitler compte sur l’action de la Luftwaffe, puis les attaques des sous-marins contre les convois de marchandises (bataille de l’Atlantique), pour faire plier le Royaume-Uni.
Mais sur ce point, la détermination de Winston Churchill, arrivé au pouvoir le 10 mai 1940, contraste avec les atermoiements de ses prédécesseurs. Refusant toute paix de compromis, galvanisant la population britannique, il contrarie les plans du Führer. Dès le 15 septembre 1940, la bataille d'Angleterre (10 juillet au 31 octobre 1940) est virtuellement perdue pour l'Allemagne, l’héroïsme des pilotes de la Royal Air Force ayant fait échec aux rodomontades de Göring, maître de la Luftwaffe, dont la semi-disgrâce auprès du Führer commence. La bataille aérienne a pris fin comme « patt  militaire », mais elle était une défaite politique et stratégique pour Hitler, qui n'avait pas réussi, pour la première fois, à imposer sa volonté à un pays.
Furieux, Hitler ajourne dès le 12 septembre l’opération Seelöwe (son plan de débarquement en Angleterre), au demeurant improvisé trop tardivement à l’été 1940, et irréalisable tant que le Royaume-Uni a encore sa flotte navale et aérienne. Il déchaîne alors les bombardements terroristes sur les populations civiles britanniques : le Blitz s’abat chaque jour sur les cités anglaises, en particulier sur Coventry, rasée par l’aviation allemande le 26 novembre 1940, ou sur la vieille City de Londres, incendiée notamment dans les nuits de décembre 1940 et du 10-11 mai 1941. Mais la détermination populaire britannique reste intacte.
En 1942, en représailles aux premiers grands raids britanniques sur les cités allemandes, Hitler ordonnera encore de détruire une à une les villes d’art britanniques par les airs (les « raids Baedeker », du nom d’un guide touristique célèbre), de même qu’il déchaînera en 1944 les V1 et les V2 sur l’Angleterre. Sans plus de succès.
Par ailleurs, la guerre sous-marine à outrance rapproche le Royaume-Uni des États-Unis, soucieux de la liberté de commerce et de navigation. Hitler commence à considérer que la guerre avec l’Amérique, « foyer du capitalisme juif » à ses yeux, devient inéluctable. En juillet 1940, Hitler déclare à Wilhelm Keitel et Alfred Jodl qu'il est nécessaire d'éliminer l'URSS, puisqu’il présume, à tort, qu'aux yeux des Anglais, l’Union soviétique est le dernier soutien militaire de l’Angleterre sur le continent européen. Il décide d’attaquer l'Union soviétique le plus rapidement possible pour gagner la guerre contre la Grande-Bretagne. Pour Hitler, il est important que la guerre en Europe se termine avant que les États-Unis ne puissent intervenir sur le théâtre d'opérations européen.

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