mercredi 28 septembre 2011

Histoire des arts : Le tour du monde en 80 jours


Le Tour du monde en quatre-vingts jours est un roman d'aventures, écrit en 1872 par Jules Verne et publié en 1873 par Pierre-Jules Hetzel à Paris. Il parut en feuilleton dans Le Temps du 6 novembre au 22 décembre 1872. Le roman raconte la course autour du monde d'un gentleman anglais, Phileas Fogg, qui a fait le pari d'y parvenir en 80 jours. Il est accompagné par Jean Passepartout, son serviteur français. L'ensemble du roman est un habile mélange entre récit de voyage (traditionnel pour Jules Verne) et données scientifiques comme celle utilisée pour le rebondissement de la chute du roman. Ce voyage extraordinaire est rendu possible grâce à la révolution des transports qui marque le XIXe siècle et les débuts de la révolution industrielle. L'apparition de nouveaux modes de transport (chemin de fer, marine à vapeur) et l'ouverture du canal de Suez en 1869 raccourcissent les distances, ou du moins le temps nécessaire pour les parcourir.

L'histoire débute à Londres, le 2 octobre 1872. Comme tous les jours, Phileas Fogg se rend au Reform Club. En feuilletant le journal, il apprend qu'il est possible d'accomplir le tour du monde en 80 jours. En effet, un article du Morning-Chronicle affirme qu’avec l’ouverture d’une nouvelle section de chemin de fer en Inde, il est désormais possible de faire le tour de la Terre en 80 jours, selon l’itinéraire suivant :



Londres – Suez, rail et paquebot 7 jours

Suez – Bombay, paquebot 13 jours

Bombay – Calcutta, rail 3 jours

Calcutta – Hong Kong, paquebot 13 jours

Hong Kong – Yokohama, paquebot 6 jours

Yokohama – San Francisco, paquebot 22 jours

San Francisco – New York, rail 7 jours

New York – Londres, paquebot, rail 9 jours

Total : 80 jours

Une vive discussion s'engage à propos de cet article. Phileas Fogg parie 20 000 livres avec ses collègues du Reform Club qu'il réussira à achever ce tour du monde en 80 jours. Il part immédiatement, emmenant avec lui Jean Passepartout, son nouveau valet de chambre. Il quitte Londres à 20h45 le 2 octobre, et doit donc être de retour à son club au plus tard à la même heure, 80 jours après, soit le 21 décembre 1872 à 20h45 heure locale. Phileas Fogg est un maniaque de l'heure, qui aime agir de façon exacte et précise. Pour lui, « l'imprévu n'existe pas ». Mais le voyage va être semé d’embûches et de contretemps. Le pari et le départ de Fogg font la une des journaux. La police se demande si Phileas Fogg est le fameux voleur qui vient de dévaliser la Banque d'Angleterre et qui chercherait à s'échapper. L'inspecteur Fix part à sa recherche, et ne cessera de le poursuivre dans tous les pays traversés. Phileas Fogg et Passepartout partent de Londres en train et utilisent ensuite différents moyens de transport. En Inde, ils sauvent Mrs. Aouda, une jeune veuve qui devait être brûlée vive comme le veut la coutume de la sutti, au cours d'une cérémonie dédiée à la déesse Kâlî. À Hong Kong, Fogg manque le paquebot mais Passepartout embarque. Ils finissent par se retrouver quelques jours plus tard au Japon, à Yokohama, dans un cirque où Passepartout s'était engagé comme clown. Lorsque Phileas Fogg arrive à San Francisco, il tombe en pleine effervescence électorale, se fait un ennemi, le colonel Stamp W. Proctor, prend le train, y retrouve le colonel avec lequel il va se battre lorsque le train est attaqué par les Sioux. Passepartout est fait prisonnier, mais Fogg le libère, aidé par quelques autres passagers. Entretemps, le train a quitté la gare. Fogg, Passepartout, Fix et Mrs. Aouda retiennent les services d'un traîneau à voile qui les conduit à toute vitesse, sur les étendues glacées, jusqu'à Omaha. De là, le groupe prend le train jusqu'à Chicago, puis New York où, malheureusement, le paquebot pour Liverpool vient à peine de partir. Pressé par le temps, Phileas Fogg « emprunte » un bateau à vapeur pour arriver à temps en Angleterre (le capitaine ne voulait pas le conduire à Liverpool, alors il a acheté l'équipage). À cours de charbon, les matelots défont tout ce qui est en bois pour l'utiliser comme combustible. Mais dès que Fogg débarque en Angleterre, Fix l’arrête avant de le relâcher lorsqu'il découvre son erreur, le véritable voleur ayant été arrêté entretemps. Ayant raté le train pour Londres, Fogg réquisitionne un locomotive et se fait conduire à Londres, mais trop tard. Pensant avoir perdu son pari, Phileas Fogg rentre chez lui. Le lendemain, lui et Mrs. Aouda se déclarent leur amour. C'est alors que Passepartout fait remarquer qu’il a en fait gagné vingt-quatre heures dans son périple, en accumulant les décalages horaires. Phileas Fogg se rend au Reform Club, il a gagné son pari malgré cet imprévu !

L'idée d'un voyage autour du monde en temps limité s'inscrit fortement dans le contexte de l'époque et était déjà populaire avant la publication du livre en 1872. Même le titre Le Tour du monde en quatre-vingts jours n'est pas l'invention de Jules Verne. Plusieurs sources ont été évoquées au fil des études sur le livre :

Le voyageur grec Pausanias (IIe siècle après J.-C.) est l'auteur d'un récit traduit en français en 1797 sous le titre Voyage autour du monde.

Jacques Arago, ami de l'écrivain, écrivit un Voyage autour du monde en 1853.

En 1872, Thomas Cook organisa le premier voyage à visée touristique autour du monde, qui dura sept mois à partir du 20 septembre 1872. Le voyage fut l'objet d'une série de lettres publiées en 1873 : Letter from the Sea and from Foreign Lands, Descriptive of a tour Round the World. Des études ont pointé les points communs entre les deux récits, même si le voyage de Thomas Cook semble trop tardif pour avoir réellement influencé le romancier.

L'un des autres possibles inspirateurs du récit est l'homme d'affaires et voyageur américain George Francis Train, qui effectua quatre tours du monde, dont un en 80 jours en 1870. Tout comme le héros du roman, il loua un train entier et fut emprisonné. En 1890, il déclara ainsi lors d'une conférence : « J'ai fait quatre fois le tour du monde. Je suis le roi, l'argonaute du voyage rapide. Je suis le Phileas Fogg de Jules Verne : j'ai accompli le tour en quatre-vingts jours deux ans avant qu'il n'invente un héros réussissant cet exploit. » . Certaines péripéties trouvent aussi leurs sources dans le contexte de l'époque : voir plus bas, Edgar Poe aurait inspiré l'épisode final du « jour supplémentaire ». L'épisode du navire à vapeur Henrietta, qui brûle ses mâts et ses planches, faute de charbon, a un précédent réel : le navire Sirius avait fait de même en 1838, dans la course pour la première traversée de l'Atlantique entièrement à la vapeur.

Au cours de ce voyage, Phileas Fogg et Passepartout vont employer « tous les moyens de transport, paquebots, railways, voitures, yachts, bâtiments de commerce, traîneaux, éléphant. » Mais finalement, s'ils parviennent à tenir leur pari, c'est qu'en voyageant vers l'est, ils ont gagné un jour sur leur calendrier, sans s'en apercevoir. La ficelle est d'ailleurs un peu grosse : comment un homme aussi organisé en matière d'horaires ne s'est-il pas rendu compte qu'il avait gagné un jour à partir de San Francisco ? Edgar Poe avait déjà tiré parti de cette situation dans une nouvelle intitulée La semaine des trois dimanches. Jules Verne la cite dans une communication sur le thème des méridiens et du calendrier, publiée en avril 1873 par la Société de géographie de Paris. La question était de savoir où se situait la ligne de changement de date, le méridien où d'un côté, nous sommes aujourd'hui, et de l'autre, encore hier. Au XXe siècle, l'écrivain italien Umberto Eco a également utilisé cette curiosité dans son roman L'Île du jour d'avant. Ce roman raconte l'histoire d'un homme qui fait naufrage sur une île du Pacifique située à la longitude exacte qui sépare hier d'aujourd'hui sur la Terre.

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