mardi 6 septembre 2011

6 septembre 1944 : V2


V2 : Les missiles V2 sont les premiers missiles balistiques opérationnels et les véritables « prototypes » des premiers lanceurs de l'ère spatiale. Ces armes développées par l'Allemagne nazie dès 1938 et utilisées pendant la Seconde Guerre mondiale ont provoqué la mort de milliers de personnes, non seulement sur les objectifs visés, mais plus encore parmi la main-d'œuvre concentrationnaire chargée de les construire dans des conditions épouvantables. En dépit de son caractère novateur, l'effet du V2 fut principalement psychologique ; comparés au bombardement classique (dit « sur zone »), ces premiers missiles balistiques, imprécis et fabriqués en nombre relativement limité, ne jouèrent qu'un rôle marginal dans les pertes humaines et matérielles de la guerre aérienne.
Un premier tir avait été prévu le 6 septembre 1944, depuis le plateau des Tailles, mais des ennuis techniques et l'avance des Alliés qui avaient franchi la Meuse contraignirent les Allemands à se rapprocher de leur frontière. Le premier V2 fut donc tiré le 8 septembre 1944 depuis Gouvy en Belgique en direction de Paris. En 5 minutes, il atteignit Maisons-Alfort, en banlieue parisienne, où il fit six morts et 36 blessés : « Paris venait d'avoir le redoutable privilège d'être la première cible d'un engin balistique militaire ». Plus tard le même jour, alors que la veille Duncan Sandys, président du « comité de lutte contre la bombe volante » britannique avait déclaré lors d'une conférence de presse que « exception faite de quelques derniers coups possibles, la bataille de Londres est terminée », le premier V2 tiré sur Londres tombait à Chiswick. Il faudra deux mois et deux cent explosions sur son sol avant que le gouvernement britannique communique sur l'attaque des V2 en cours14. Le secret était d'autant plus facile à garder que contrairement aux V1 qui avaient un ronronnement caractéristique évoquant le moteur d'une motocyclette, les missiles arrivaient à une vitesse de Mach 3,5 , supérieure à celle du son, c'est-à-dire dans un silence total. Les explosions pouvaient être imputées à toutes sortes de causes. Lors de la chute du premier V2 sur Londres, personne ne comprit sur le moment qu'il s'agissait d'une bombe. On crut à l'explosion d'immeuble due au gaz jusqu'à la découverte des débris de la tuyère. En tout, 4 000 engins furent construits pour être lancés vers le Royaume-Uni et Londres, dans des conditions très dures pour les prisonniers affectés à ces travaux forcés (usine souterraine de Dora). Les V2 tuèrent deux fois plus de déportés en Allemagne que de civils au Royaume-Uni. Mis très tard en service, les V2 furent lancés depuis des sites que l'avance des troupes alliées imposa de déplacer plusieurs fois : aux Pays-Bas à partir de la région de Middelburg et surtout La Haye (permettant d'atteindre Londres) puis Rijs (région du Norfolk), Hellendorn et Dalsfem (vers la Belgique) ; en Belgique et en Rhénanie, des lancements eurent lieu depuis Saint-Vith et Mertzig vers Paris, puis des alentours de Coblence (Euskirchen et Hachenburg) vers le nord de la France et la Belgique. Les dernières batteries furent installées dans la région de Münster, visant Anvers et Liège. Malgré les dégâts infligés aux infrastructures de fabrication et de lancement, 1 560 V2 furent lancés entre le 8 septembre et la fin de 1944, principalement vers Londres (450) et Anvers (920), mais aussi vers Norwich (40), Liège (25), Paris (20) ainsi que vers Lille, Tourcoing, Arras, Maastricht, Hasselt, etc. Les tirs de 1 500 autres V2 se poursuivirent jusqu'au 27 mars 1945, principalement depuis La Haye, et toujours vers Londres — cible civile principale des Allemands — et Anvers, ainsi que vers quelques cibles militaires. Les dernières fusées furent tirées vers le Kent.
Au total la région de Londres reçut 1 350 V2 et celle d'Anvers plus de 1 600, faisant principalement des victimes civiles.
La 2de guerre mondiale, une guerre d’anéantissement : Comme la « Grande Guerre », cette nouvelle guerre mondiale est une guerre totale qui mobilise toutes les ressources économiques, industrielles, technologiques et scientifiques (« guerre des cerveaux ») des États belligérants. Mais, elle se caractérise par une violence encore plus extrême que la précédente : les limites imaginables de la barbarie et de l’horreur sont dépassées. Cette violence touche les soldats mais plus encore les civils (bombardements massifs ; massacres de masse ; torture ; déportation et génocide ; utilisation de l’arme nucléaire ; exploitation sans précédent des territoires occupés par les nazis et/ou les Japonais...). Cette guerre d’usure a été aussi une guerre idéologique : tous les moyens de communication et de la « guerre psychologique » ont été mobilisés pour enrôler les masses, attiser l’ardeur patriotique, engendrer le défaitisme chez l’ennemi.

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