Les Lois de Nüremberg sont trois textes adoptés par le Reichstag à l'initiative d'Adolf Hitler, lors d'une session extraordinaire tenue à Nuremberg à l'occasion du 7e congrès annuel du parti nazi, le 15 septembre 1935 :
la Reichsflaggengesetz (Loi sur le drapeau du Reich),
la Reichsbürgergesetz (Loi sur la citoyenneté du Reich),
la Gesetz zum Schutze des deutschen Blutes und der deutschen Ehre (Loi sur la protection du sang allemand et de l'honneur allemand).
La loi sur la citoyenneté du Reich, mise en œuvre par un décret du 14 novembre 1935, et la loi sur la protection du sang et de l'honneur allemand participent de manière essentielle à la transposition de l'antisémitisme nazi dans l'appareil législatif du troisième Reich. Elles permettent de poursuivre et d'accentuer le processus d'exclusion des Juifs de la société allemande entamé dès avril 1933.
Après le boycott des commerces juifs, voulu par Hitler, organisé par Julius Streicher et mis en œuvre par la SA, le 1er avril 1933, l'antisémitisme nazi connaît une première traduction dans l'appareil législatif du troisième Reich via la loi du 7 avril 1933 sur la restauration de la fonction publique. En son article 3, cette loi stipule que les fonctionnaires d'origine non-aryenne doivent être révoqués ; le décret d'application du 11 avril 1933, connu sous le nom d'Arierparagraph, précise qu' « une personne est considérée comme non-aryenne si elle descend de non-aryens, particulièrement de parents ou de grands-parents juifs ». La présence dans l'ascendance d'un seul parent ou grand-parent juif suffit à établir le caractère non-aryen de la personne considérée, « le père ou la mère, la grand-mère ou le grand-père étant présumés juifs du fait de leur appartenance à la religion judaïque ». Cette définition particulièrement large suscite, début 1935, des débats au sein de l'appareil nazi et rend nécessaire de définir de manière plus précise qui est ou non un Juif, dans l'acception raciste du terme. La loi sur la restauration de la fonction publique est suivie de nombreux autres textes visant à exclure les Juifs de la société : à partir de la fin du mois d'avril, les avocats non-aryens peuvent être radiés du barreau ; les médecins juifs sont exclus du système d'assurance maladie par un décret du 22 avril 1933, puis les dentistes et aides dentaires, le 2 juin ; à l'initiative de Joseph Goebbels et via la création de la Chambre de la culture du Reich, le 22 septembre, les artistes juifs sont exclus du monde culturel et ne peuvent plus se produire que dans des manifestations destinées à des publics juifs8 ; le 4 octobre, ordre est donné à la presse de congédier les rédacteurs en chef non-aryens. Ces mesures discriminatoires ne font pas pour autant cesser les actes de violence à l'encontre des Juifs, actes qui se multiplient en 1935. À Munich, les troubles antisémites connaissent un regain de vigueur à partir du mois de mars, avec la participation de membres des Jeunesses hitlériennes ; le 25 mai, ils prennent la forme d'un véritable pogrom, dont l'ampleur nécessite l'intervention de la police, qui arrête, parmi les émeutiers des membres de la SS en civil. Mi-juillet, c'est à Berlin, sur le Kurfürstendamm, que se produit une nouvelle explosion de brutalité. Le 11 juillet, des membres de la SA attaquent le marché aux bestiaux de Fulda, la plupart des marchands de bétail étant juifs, et rossent indifféremment vendeurs et clients. Les saccages et passages à tabac sont accompagnées par diverses initiatives d'autorités locales, visant entre autres à interdire aux Juifs aux stations thermales, aux cinémas, aux bibliothèques ou aux tramways ; ce déchaînement incontrôlé nuit à l'image de l'Allemagne à l'étranger, quelques mois avant les Jeux olympiques de Berlin et encourage le boycott des produits allemands, notamment aux États-Unis. Pour la plupart des dirigeants nazis, les actions désordonnées doivent cesser et l'État doit reprendre en main la politique antisémite.
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