mardi 16 août 2011

Pétain et la collaboration


Pétain jouit dans mémoire collective des Français en 1940 de l’image de vainqueur de Verdun. Beaucoup espèrent un double-jeu de Pétain, qui officiellement accepterait d'aider l'Allemagne, mais qui, officieusement, resterait en contact avec l'Angleterre. On voit clairement ce culte du chef à travers les chants (Maréchal, nous voilà !), des affiches, des images.

Mais Pétain est idéologiquement proche des régimes autoritaires. Il dresse un constat sévère de la situation et propose une vision pessimiste mais volontariste de l’avenir de la France. Il appelle les Français à répondre à leurs devoirs et à oublier la quête de droits. Sur le plan politique, Pétain est opposé à la démocratie, contraire à l'ordre naturel. Il accuse l’esprit du Front Populaire d’être responsable de la défaite. Une majorité des parlementaires vote les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940 mettant fin ainsi à la IIIe République. L’Etat Français voit le jour par les actes constitutionnels des 11 et 12 juillet. Pétain a une vision hiérarchique de la société et de la politique. L’ordre naturel repose sur hiérarchie avec la foule à la base et le chef au sommet. Lors de la rencontre de Montoire entre Pétain et Hitler le 24 octobre 1940, le maréchal adopte le principe de la collaboration. La France doit alors aider l’Allemagne dans sa poursuite de la guerre. Officiellement, Pétain espère ainsi alléger les souffrances de la France. En zone occupée, le véritable gouvernant est l'Allemagne. En fait le gouvernement de Vichy  partage de points idéologiques avec les nazis. En effet, deux grandes peurs politiques de l'extrême-droite de l'Entre-Deux-Guerres sont partagées par beaucoup de Français : l'anticommunisme et l'antisémitisme. La collaboration doit permettre de lutter contre l’expansion du bolchevisme et s’exprime par une « aide » apportée à la déportation des Juifs. Dès octobre 1940, est promulgué le statut juif. L'initiative des arrestations est allemandes, mais Vichy est largement complice (la police française procède aux rafles, dont celle du Vel d'Hiv', le 16 juillet 1942). Au total, ce sont 76.000 juifs de France qui sont déportés entre 1940 et 1944, soit un quart de la population juive de France. Sur ce nombre, seuls 2500 reviendront vivants en 1945.

On considère qu'il y a quatre grands types de collaboration :

- la collaboration administrative : les administrations françaises, c'est-à-dire les forces de police, les services préfectoraux,..., prêtent main forte aux Allemands (exemple de Maurice Papon).

- la collaboration économique : la France procède à la livraison à l'Allemagne de denrées alimentaires, de matériel de guerre. Surtout, par le biais du S.T.O. (Service du Travail Obligatoire), créé par Laval en février 1943, les ouvriers français partent travailler dans les usines allemandes pour remplacer les hommes partis au front.

- la collaboration militaire : Elle fut lancée par l'amiral Darlan, chef du gouvernement français en 1941-1942. Par exemple, les aérodromes de Syrie, sous protectorat français, sont mis à disposition de la Luftwaffe en 1941. De plus, la Légion des Volontaires Français (L.V.F.) fut créée en juillet 1941, à l'initiative de Jacques Doriot, pour lutter sur le front russe sous l'uniforme allemand.

- la collaboration idéologique : elle touche des intellectuels déçus par la démocratie et attirés par le fascisme et par le nazisme : Drieu La Rochelle, Céline, Robert Brasillach, fusillé à la Libération. Ce type de collaboration touche également des hommes politiques, tels Jacques Doriot ou Marcel Déat, qui veulent instaurer un régime de type nazi en France et non pas seulement un régime ami des nazis.
On distingue généralement, dans la collaboration les collaborateurs, qui sont fidèles au régime de Vichy, des collaborationnistes, qui résident souvent à Paris, et souhaite aller beaucoup plus loin que ne le fait Pétain.
Cette affiche de propagande utilise volontairement le graphisme naïf des images d'Épinal.  Elle a été réalisée pour le gouvernement de Vichy dans le but de glorifier le maréchal Pétain et les idéaux qu'il incarne. L'affiche illustre la « Révolution Nationale », c’est-à-dire le programme idéologique de Vichy.
Dans la partie haute de l'affiche, Pétain est glorifié comme chef de l'État (rameau de chêne, drapeaux tricolores, devise de l'État français dans une bande tricolore qui fait fronton)  et comme chef militaire (portrait en tenue avec la médaille, rameau d'olivier). Il incarne aussi le père d'une France dont le corps social est dessiné dans la partie basse de l'affiche. C'est la francisque, faite d'un manche figurant un bâton de maréchal et d'un fer de hache découpé dans une cocarde tricolore, qui l'unit à elle. Elle rattache la nation à son passé franc. Cette « France éternelle » est l'un des éléments de l'idéologie de la Révolution nationale, qui veut dépasser les clivages de la République. Ainsi, la famille, au centre, est représentée par une femme et ses quatre enfants, dont une fillette à la coiffe alsacienne et un nourrisson. À sa droite, se trouvent la France rurale et la province, avec un paysan et un attelage de boeufs, les toits et le clocher de village; à sa gauche, la France industrielle, Paris (symbolisé par la tour Eiffel) et un forgeron. Ce dernier  représente tout comme l'ancre et la pierre encordée, les métiers traditionnels. Cette France éternelle est résumée par la devise « Travail, Famille, Patrie », qui est illustrée par l’affiche.

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