mercredi 17 août 2011

Histoire des arts : Poème à mon frère blanc


Cher frère blanc,
 Quand je suis né, j'étais noir,
 Quand j'ai grandi, j'étais noir,
 Quand je suis au soleil, je suis noir,
 Quand je suis malade, je suis noir,
 Quand je mourrai, je serai noir.

Tandis que toi, homme blanc,
 Quand tu es né, tu étais rose,
 Quand tu as grandi, tu étais blanc,
 Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
 Quand tu as froid, tu es bleu,
 Quand tu as peur, tu es vert,
 Quand tu es malade, tu es jaune,
 Quand tu mourras, tu seras gris. 

Alors, de nous deux,
 Qui est l'homme de couleur ?



Léopold SEDAR SENGHOR
« La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture ».
Symbole majeur de la francophonie en Afrique, Léopold Sédar Senghor fait d'abord ses études au Sénégal, à la mission catholique de Ngasobil, puis à Dakar, et enfin à Paris, au lycée Louis Le Grand et à la Sorbonne. Il est reçu à l'agrégation de grammaire en 1935 et commence à enseigner à Tours, tout en suivant les cours de linguistique négro-africaine à l'Ecole pratique des hautes études et à l'Institut d'ethnologie de Paris. Héros de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé en 1939, fait prisonnier dès juin 1940 puis réformé pour maladie deux ans plus tard. Il entre alors dans la Résistance. L'année 1945 est un cap important dans la vie de Léopold Sédar Senghor. Elle marque le début de sa carrière politique. Il devient député du Sénégal en 1946 puis occupe diverses fonctions au Conseil de l'Europe, à l'Unesco et à l'ONU. En France, il est secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil dans le cabinet d'Edgar Faure entre 1955 et 1956 et ministre-conseiller du gouvernement de la République française en 1959. Dans sa patrie de naissance, le Sénégal, il devient maire de Thiès en 1956 avant d'être élu premier président de la République du Sénégal en 1960. Il ne quittera ce poste qu'en 1980. Côté lettres, il est l'auteur de nombreux ouvrages de poésie et d'essais. Il est d'ailleurs primé à maintes reprises et reçoit notamment la médaille d'or de la langue française. Docteur honoris causa de trente-sept universités, Léopold Sédar Senghor est élu à l'Académie française en 1983.
Le concept de négritude :
Le terme est forgé en 1935 par Aimé Césaire dans le numéro 3 de la revue des étudiants martiniquais L'Étudiant noir. Il revendique l'identité noire et sa culture, d'abord face à une francité perçue comme oppressante et instrument de l'administration coloniale française (Discours sur le colonialisme, Cahier d'un retour au pays natal). Césaire l'emploiera de nouveau en 1939 lors de la première publication du Cahier d'un retour au pays natal. Le concept est ensuite repris par Léopold Sédar Senghor dans ses Chants d'ombre.
La naissance de ce concept, et celle d'une revue, Présence africaine, qui paraît en 1947 simultanément à Dakar et à Paris, va faire l'effet d'une déflagration. Elle rassemble des Noirs de tous les horizons du monde, ainsi que des intellectuels français, notamment Sartre. Celui-ci définit alors la négritude comme : « la négation de la négation de l'homme noir ». D'après Senghor, la négritude est « l'ensemble des valeurs culturelles de l'Afrique noire ». Selon Senghor: « La négritude est un fait, une culture. C'est l'ensemble des valeurs économiques, politiques, intellectuelles, morales, artistiques et sociales des peuples d'Afrique et des minorités noires d'Amérique, d'Asie et d'Océanie. » Pour Césaire, « ce mot désigne en premier lieu le rejet. Le rejet de l'assimilation culturelle ; le rejet d'une certaine image du Noir paisible, incapable de construire une civilisation. Le culturel prime sur le politique. »









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

une question, un avis ??