vendredi 12 août 2011

12 aout 1908, La Ford T et la Révolution industrielle

Le 12 aout 1908, Henry Ford présente la première voiture produite en grande série : le modèle T. Dans les années qui suivent, la Ford Motor Compagny, va vendre plus de 15 millions de Ford T.

Ce succès inaugure une nouvelle révolution industrielle fondée sur deux piliers : La production standardisée en grande série qui permet de baisser les coûts de production et l’octroi aux ouvriers de salaires plus élevés pour leur faire accepter un travail répétitif et contraignant. Ford a introduit dans son entreprise l’organisation scientifique du travail (OST), une méthode de gestion aussi appelée taylorisation ou taylorisme de nom de l’ingénieur américain Frédéric Winslow Taylor qui en a eu l’idée.
Taylor, en 1880, chez son employeur, une entreprise sidérurgique (Bethleem Steel Co) a analysé tous les travaux des ouvriers et les a décomposés en une succession d’opérations élémentaires très simples. Chaque opération était confiée à un ouvrier spécialisé. Ainsi, aucun ouvrier ne perdait de temps à passer d’une opération à l’autre. Une telle division du travail permet d’abaisser les coûts de production. Henry Ford comme Louis Renault en France améliore la méthode en faisant circuler les véhicules en cours d’assemblage sur une Chaîne, d’un poste de travail au suivant. Cela évite aux ouvriers d’avoir à se déplacer et donc de perdre du temps.
Taylorisme et travail à la chaîne associés permettent la fabrication en grande quantité de produits standardisés comme la Ford T…. Il reste alors à trouver des débouchés pour absorber la production. Mieux payés, les ouvriers de Ford font partie de ses nouveaux clients pour la Ford T produite en grande série, à moindre coût et donc moins chère. Mais cette deuxième révolution industrielle ne présente pas que des avantages. Si elle permet de former en quelques minutes un ouvrier à son travail. Charlie Chaplin (Charlot) en a montré les excès dans son film les temps modernes.
 Dès 1913 Ford doit pallier le caractère répétitif, ennuyeux et pour tout dire aliénant du travail à la chaîne. Pour retenir ses ouvriers, du jour au lendemain, il se résout à doubler leur salaire. Il introduit alors le « five dollars day » (5 dollars par jour). Une telle mesure va faire sa fortune et son immense popularité (en dépit de ses écrits antisémites). A posteriori, on expliquera cette hausse de salaire par la volonté de Ford de permettre à ses ouvriers d’acheter ses voitures faisant ainsi de lui un précurseur de l’économiste John M. Keynes, lequel préconisait de développer l’offre en stimulant la demande. L’économiste Daniel Cohen dans le livre « trois leçons sur la société post-industrielle » paru en 2006 au Seuil rappelle que les hauts salaires étaient indispensables pour compenser les difficultés du travail à la chaîne et ne pouvaient que peu stimuler les ventes d’automobiles.
                          
Le Fordisme repris par toute l’industrie manufacturière, en Amérique du Nord et en Europe Occidentale, a permis à la classe ouvrière de rejoindre la classe moyenne avec de meilleurs revenus. Ce « miracle social » va déboucher sur la société de consommation avec ses excès et ses conséquences (surexploitation des ressources, réchauffement climatique …). Aujourd’hui, au début du XXIe siècle, une nouvelle révolution industrielle fondée sur le microprocesseur a rendu en grande partie obsolète le travail à la chaîne et le taylorisme. Les tâches élémentaires de l’industrie sont de plus en plus assurées par des robots. Celles qui restent à la charge des humains sont souvent délocalisées dans les pays à très bas salaires. C’est désormais dans les activités de service que trouvent à s’employer les nombreuses personnes sans qualification ni instruction. Les salaires sont tirés à la baisse et on observe la réapparition d’une classe laborieuse pauvre comme aux premiers temps de la révolution industrielle.

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