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jeudi 20 février 2014

Gérer les ressources (3)


L'enjeu énergétique


Toute société ayant besoin d'énergie pour se développer, l'enjeu énergétique est un enjeu géopolitique central. A quels choix les sociétés sont-elles confrontés ? Et comment prennent-elles en compte les conséquences sociales, économiques et environnementales de ces choix ?

 

Des besoins en forte croissance

 

L'énergie est une ressource de plus en plus indispensable aux activités humaines. Aujourd'hui, elle est nécessaire pour les usages quotidiens (s'éclairer, se chauffer, se nourrir, se déplacer…), mais aussi pour les activités économiques, les transports, les communications.

 

 Au cours du xxe siècle, la croissance de la demande énergétique a été plus rapide que celle de la population. En effet, les pays se sont industrialisés et développés. De plus, avec la mondialisation de l'économie et des échanges, les moyens de transport gourmands en énergies se sont multipliés.

 

La disponibilité énergétique est variable dans l’espace et le temps :


Les énergies primaires sont l'ensemble des produits énergétiques non transformés, exploités directement ou importés (le pétrole brut, les schistes bitumineux, le gaz naturel, le charbon, la biomasse, le rayonnement solaire, l'énergie hydraulique, l'énergie du vent, la géothermie…).

Les énergies secondaires sont créées à partir des énergies primaires (par exemple, dans une centrale thermique on produit de l'électricité – énergie secondaire – à partir du charbon, lui-même énergie primaire).

 

Aujourd'hui, 80 % de la consommation énergétique est à base d'énergies primaires.

Trois produits énergétiques représentent à eux seuls plus de 81 % des énergies primaires utilisées dans le monde : le pétrole (35 % de la consommation d'énergies primaires), le charbon (25 %) et le gaz naturel (21 %).

 

Malheureusement, ce sont des énergies fossiles : il a fallu des millions d'années pour les produire et elles ne se renouvellent plus aujourd'hui (les conditions naturelles de l'ère primaire, qui ont permis leur formation, n'existent plus).

Ces ressources sont appelées à disparaître dans les décennies ou les siècles à venir si leur exploitation se poursuit au même rythme.

La disponibilité de ces ressources est inégalement répartie. Les principaux pays producteurs de pétrole sont l'Arabie saoudite, la Russie, les États-Unis (Golfe du Mexique, Alaska). Mais on trouve aussi des réserves d'hydrocarbures en Afrique de l'Ouest, au Proche et Moyen-Orient, au nord de l'Amérique du Sud, en Arctique, en mer du Nord et en Asie du Sud-Est.

 Les pays producteurs ont donc des niveaux de développement très différents.

 

Les besoins sont différents selon les pays et les activités :


Plus de 40 % de la consommation énergétique mondiale est destinée au secteur tertiaire et au secteur résidentiel, qui utilisent plusieurs types d'énergies primaires et secondaires. Les industries représentent 35 % des besoins énergétiques, les transports, 25 % (essentiellement du pétrole).


Les pays industrialisés et développés sont de gros consommateurs d'énergie du fait de leur mode de vie et la diversité de leurs activités économiques. Ils représentent 20 % de la population mondiale, mais 60 % de la consommation énergétique.


Les pays en développement consomment moins d'énergies fossiles, même si leurs besoins augmentent avec leur niveau de développement. Ainsi, les pays émergents comme la Chine, en pleine croissance économique et industrielle, sont de gros consommateurs d'énergie.

Mais la majorité de la population des PED utilise encore les énergies traditionnelles comme le bois ou la traction animale.

 

Politiques et Marchés

Les pays développés, ou les puissances économiques émergentes, qui n'ont pas (ou peu) de ressources énergétiques disposent des moyens financiers nécessaires pour s'en procurer sur les marchés internationaux Japon, pays de l'UE).

Certains pays sont des producteurs importants, mais consomment tellement d'énergie qu'ils ne sont plus autosuffisants : ils importent plus qu'ils ne produisent. C'est le cas des États-Unis, mais aussi de la Chine qui est en passe de devenir le premier consommateur de pétrole et de gaz et importe 40 % de ses besoins énergétiques.


Tous ces pays sont dépendants des producteurs et ont besoin d'approvisionnements réguliers et sur le long terme (sécurité énergétique). Ils doivent donc diversifier leurs fournisseurs, mais aussi de négocier pour obtenir les prix les plus bas.

Certaines ressources, comme le pétrole, sont plus stratégiques que d'autres, car la demande internationale est plus forte.

L'exploitation, le transport et la distribution du pétrole et du gaz sont entre les mains de grandes firmes multinationales occidentales qui investissent des sommes colossales dans la recherche de nouveaux gisements. Elles n'hésitent pas à passer des contrats très intéressants pour elles avec les États pétroliers en développement : posséder des ressources énergétiques est un avantage réel pour un pays pauvre, mais ces ressources provoquent des convoitises.

Le transport de matières premières énergétiques participe à l'augmentation des flux de marchandises dans le monde. Il implique des aménagements particuliers comme les oléoducs (canalisation transportant du pétrole), et les gazoducs (canalisation transportant du gaz), les terminaux pétroliers et méthaniers dans les ports, la construction de tankers (navires spécialisés).

Les routes des matières premières énergétiques sont des points stratégiques très contrôlés, convoités et menacés.

Les pays dépendants d'autres pays producteurs sont obligés de négocier, de passer des accords avec eux, même s'ils n'apprécient pas leur ligne politique (relations Russie-Allemagne).

L'énergie est une ressource stratégique qui engendre, des conflits et des tensions géopolitiques (rivalités pour le contrôle de zones où se trouvent des gisements, comme en Arctique, ou pour le tracé de frontières terrestres et maritimes...). Ainsi, la moitié des pays membres de l'OPEP (Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole) est originaire du Moyen-Orient et baisse ou augmente le prix du baril pour jouer sur les relations internationales.

 L'exploitation et le transport de la consommation énergétique ont des impacts écologiques et environnementaux importants (marées noires, Tchernobyl, mines à ciel ouver,…). La consommation d'énergie (en particulier d'énergies fossiles) est la principale responsable de la libération dans l'atmosphère des gaz à effet de serre accentuant le réchauffement climatique.

 Toutes ces atteintes à l'environnement ont choqué l'opinion publique. Les considérations environnementales déterminent de plus en plus les choix énergétiques.

 

Vers une gestion durable des énergies

 

Pour aller vers une gestion durable des ressources énergétiques, le premier objectif est d'en limiter les dépenses.

 

Pour économiser l'énergie, il faut améliorer l'efficacité énergétique des moyens de transport, des logements, des industries et adopter des modes de vie moins « énergivores » (constructions BBC ou HQE, transports en communs, …).

Tous les pays, y compris les pays émergents, sont aujourd'hui sensibles à cette question. Mais tous n'ont pas les moyens financiers et techniques adéquats. Pour que les pays pauvres puissent eux aussi pratiquer davantage ce type de politiques énergétiques, il faut des transferts de technologie des  Nords  vers les Suds.

Il semble impossible aujourd'hui de remplacer brutalement toutes les énergies primaires par des énergies renouvelables mais le passage à ce type d'énergies propres et durables doit être  amorcé  (transition énergétique).

Les énergies renouvelables représentent déjà 13 % de la production énergétique mondiale. Les énergies renouvelables qui se développent le plus dans les pays riches et dans les pays émergents sont l'énergie éolienne, l'énergie solaire, la géothermie, l'utilisation de la biomasse (bois) et les barrages hydrauliques.

Mais l'exploitation de ces énergies n'est pas toujours au point et présente des inconvénients (vallées noyées par les barrages, irrégularité de la production énergétique, …). Elles sont, pour l'heure, des énergies d'appoint qui font encore l'objet de recherches.

 

De nouveaux projets se consacrent aux énergies du futur : la maîtrise de la fusion nucléaire (produisant énormément d'énergie avec peu de déchets) et le développement de la pile à combustible à base d'hydrogène.

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