L'enjeu énergétique
Toute société ayant besoin d'énergie pour se
développer, l'enjeu énergétique est un enjeu géopolitique central. A quels
choix les sociétés sont-elles confrontés ? Et comment prennent-elles en compte
les conséquences sociales, économiques et environnementales de ces choix ?
Des besoins en forte croissance
L'énergie est une ressource de plus en plus indispensable aux activités
humaines. Aujourd'hui, elle est nécessaire pour les usages
quotidiens (s'éclairer, se chauffer, se nourrir, se déplacer…),
mais aussi pour les activités économiques, les transports,
les communications.
Au cours du xxe siècle, la croissance de la demande énergétique a été
plus rapide que celle de la population. En effet, les pays se sont
industrialisés et développés. De plus, avec la mondialisation de l'économie et
des échanges, les moyens de transport gourmands en énergies se sont multipliés.
La disponibilité énergétique est variable dans l’espace et le temps :
Les énergies primaires sont
l'ensemble des produits énergétiques non transformés, exploités directement ou
importés (le pétrole brut, les schistes bitumineux, le gaz naturel, le charbon,
la biomasse, le rayonnement solaire, l'énergie hydraulique, l'énergie du vent,
la géothermie…).
Les énergies secondaires sont créées à partir des énergies
primaires (par exemple, dans une centrale thermique on produit de l'électricité
– énergie secondaire – à partir du charbon, lui-même énergie
primaire).
Aujourd'hui,
80 % de la consommation énergétique est à base d'énergies
primaires.
Trois
produits énergétiques représentent à eux seuls plus de 81 % des énergies
primaires utilisées dans le monde : le pétrole
(35 % de la consommation d'énergies primaires), le charbon
(25 %) et le gaz naturel (21 %).
Malheureusement, ce sont des énergies fossiles : il a fallu des
millions d'années pour les produire et elles ne se renouvellent plus
aujourd'hui (les conditions naturelles de l'ère primaire, qui ont permis leur
formation, n'existent plus).
Ces ressources sont appelées à disparaître dans les
décennies ou les siècles à venir si leur exploitation se poursuit au même
rythme.
La disponibilité de ces ressources est inégalement
répartie. Les principaux pays producteurs de pétrole sont l'Arabie saoudite, la Russie, les États-Unis (Golfe du
Mexique, Alaska). Mais on trouve aussi des réserves d'hydrocarbures en Afrique
de l'Ouest, au Proche et Moyen-Orient, au nord de l'Amérique du Sud, en
Arctique, en mer du Nord et en Asie du Sud-Est.
Les pays producteurs ont donc des
niveaux de développement très différents.
Les
besoins sont différents selon les pays et les activités :
Plus de 40 % de la consommation énergétique
mondiale est destinée au secteur tertiaire et au secteur résidentiel, qui
utilisent plusieurs types
d'énergies primaires et secondaires. Les industries représentent 35 % des
besoins énergétiques, les transports, 25 % (essentiellement du pétrole).
Les pays
industrialisés et développés sont de gros consommateurs d'énergie
du fait de leur mode de vie et la diversité de leurs activités économiques. Ils
représentent 20 % de la population mondiale, mais 60 % de la
consommation énergétique.
Les pays
en développement consomment moins d'énergies fossiles, même si
leurs besoins augmentent avec leur niveau de développement. Ainsi, les pays émergents comme la
Chine, en pleine croissance économique et industrielle, sont de gros
consommateurs d'énergie.
Mais la majorité de la population des PED utilise encore les énergies traditionnelles
comme le bois ou la traction animale.
Politiques
et Marchés
Les pays développés, ou les puissances économiques émergentes,
qui n'ont pas (ou peu) de ressources énergétiques disposent des moyens
financiers nécessaires pour s'en procurer sur les marchés internationaux Japon, pays de l'UE).
Certains pays sont des producteurs importants, mais consomment tellement
d'énergie qu'ils ne sont plus autosuffisants :
ils importent plus qu'ils ne produisent. C'est le cas des États-Unis, mais
aussi de la Chine qui est en passe de devenir le premier consommateur de
pétrole et de gaz et importe 40 % de ses besoins énergétiques.
Tous ces
pays sont dépendants des producteurs et ont besoin d'approvisionnements réguliers et sur
le long terme (sécurité énergétique). Ils doivent donc diversifier leurs fournisseurs,
mais aussi de négocier pour obtenir les prix les plus bas.
Certaines ressources, comme le pétrole, sont plus stratégiques que d'autres,
car la demande internationale est plus forte.
L'exploitation, le transport et la distribution du
pétrole et du gaz sont entre les mains de grandes firmes multinationales occidentales
qui investissent des sommes colossales dans la recherche de nouveaux gisements. Elles n'hésitent
pas à passer des contrats très intéressants pour elles avec les États
pétroliers en développement : posséder des ressources énergétiques est un avantage réel pour un pays
pauvre, mais ces ressources provoquent des convoitises.
Le transport de matières premières énergétiques participe à
l'augmentation des flux de
marchandises dans le monde. Il implique des aménagements
particuliers comme les oléoducs (canalisation transportant
du pétrole), et les gazoducs (canalisation transportant
du gaz), les terminaux pétroliers et méthaniers dans les ports, la construction
de tankers
(navires spécialisés).
Les routes des matières premières énergétiques sont
des points stratégiques
très contrôlés, convoités et menacés.
Les pays dépendants d'autres pays producteurs sont
obligés de négocier,
de passer des accords avec eux, même s'ils n'apprécient pas leur ligne
politique (relations Russie-Allemagne).
L'énergie est une ressource stratégique qui
engendre, des conflits et
des tensions géopolitiques
(rivalités pour le contrôle de zones où se trouvent des gisements, comme en
Arctique, ou pour le tracé de frontières terrestres et maritimes...). Ainsi, la
moitié des pays membres de l'OPEP
(Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole) est originaire
du Moyen-Orient et baisse ou augmente le prix du baril pour jouer sur les relations
internationales.
L'exploitation et le transport de la
consommation énergétique ont des impacts écologiques et environnementaux importants (marées
noires, Tchernobyl, mines à ciel ouver,…). La consommation d'énergie (en
particulier d'énergies fossiles) est la principale responsable de la libération
dans l'atmosphère des gaz à effet de serre accentuant le réchauffement
climatique.
Toutes ces
atteintes à l'environnement ont choqué l'opinion publique. Les considérations environnementales
déterminent de plus en plus les choix énergétiques.
Vers une
gestion durable des énergies
Pour aller vers une gestion durable des ressources
énergétiques, le premier objectif est d'en limiter les dépenses.
Pour économiser l'énergie, il faut améliorer l'efficacité
énergétique des moyens de transport, des logements, des industries et adopter
des modes de vie moins « énergivores »
(constructions BBC ou HQE, transports en communs, …).
Tous les pays, y compris les pays émergents, sont
aujourd'hui sensibles à cette question. Mais tous n'ont pas les moyens
financiers et techniques adéquats. Pour que les pays pauvres puissent eux aussi
pratiquer davantage ce type de politiques énergétiques, il faut des transferts de technologie des
Nords vers les Suds.
Il semble impossible aujourd'hui de remplacer
brutalement toutes les énergies primaires par des énergies renouvelables mais
le passage à ce type d'énergies propres et durables doit être amorcé (transition énergétique).
Les
énergies renouvelables représentent déjà 13 % de la production énergétique
mondiale. Les énergies renouvelables qui se
développent le plus dans les pays riches et dans les pays émergents sont
l'énergie éolienne, l'énergie solaire,
la géothermie, l'utilisation de la biomasse (bois)
et les barrages hydrauliques.
Mais l'exploitation de ces énergies n'est pas
toujours au point et présente des inconvénients (vallées noyées par les
barrages, irrégularité de la production énergétique, …). Elles sont, pour
l'heure, des énergies d'appoint qui font encore l'objet de recherches.
De nouveaux projets se consacrent aux énergies du futur : la
maîtrise de la fusion nucléaire
(produisant énormément d'énergie avec peu de déchets) et le développement de la pile à combustible à base
d'hydrogène.
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