« Je vous ai compris » est la
phrase-clé du discours du 4 juin 1958 de Charles De Gaulle à Alger, depuis le balcon du Gouvernement
Général, devant la foule réunie
sur la place du Forum.
Les troubles d'Algérie étaient devenus guerre d'Algérie en 1957 et 1958, même si la France refusait de l'appeler ainsi à l'époque. La crise est suffisamment grave pour que non seulement Pierre Pflimlin démissionne pour remettre ses pouvoirs à Charles de Gaulle, dont le gouvernement entre en fonction le 1er juin 1958, mais aussi pour que de Gaulle obtienne les pleins pouvoirs dès le 2 juin. De Gaulle ayant été appelé au pouvoir par le comité de salut public d'Alger. À ce moment-là, les différents groupes ne savent pas vraiment à quoi s'attendre de sa part.
Sur le coup, le discours donne un fort sentiment
de soutien à tous ses auditeurs musulmans européens et juifs qui ont
fraternisé. Il provoque une explosion de joie. Clairement, les Pieds-Noirs
le prennent pour eux, et pensent avoir le soutien du nouveau Président du
Conseil.
Plus tard, certains historiens soulignent que la
phrase était si ambiguë que c'est clairement volontaire : il s'agit d'une
phrase qui typiquement vise à rassurer tout le monde sans prendre position. En revanche, Alain
Duhamel interviewé par Historia en septembre 2009 est beaucoup plus
catégorique. Pour lui, la trahison la plus retentissante de la Quatrième République fut celle du Général
envers les Français d'Algérie.
L'interprétation de soutien à l'Algérie française dominait dans les esprits à
l'époque, en particulier à cause du « Vive l'Algérie française ! » du même de
Gaulle deux jours plus tard à Mostaganem.
Le « Je vous ai compris » est resté un souvenir
au moins aussi marquant que le « Vive l'Algérie française ! » pour les
Pieds-Noirs. À cause de ces phrases, l'acceptation de l'autodétermination pour les habitants de l'Algérie
par de Gaulle, donne un sentiment de trahison.
À cause de cette accusation de trahison, de
Gaulle est après les accords de paix haï par les partisans de l'Algérie
française. Leurs terroristes, l'OAS, organiseront par la suite l'attentat du Petit-Clamart contre lui.
La distance entre le sentiment des Pieds-Noirs
sur la phrase à l'époque et les accords acceptés par de Gaulle fait dire à
l'humoriste Pierre Desproges que le message réel aux
Pieds-Noirs était « Je vous hais, compris ? ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
une question, un avis ??