Les athlètes américains, Tommie Smith et John Carlos arrivés premier et troisième au 200 mètres, protestent contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis en levant leur poing ganté de noir lors de la remise des médailles. Ce signe est aussi la marque de leur soutien au mouvement politique noir-américain, les Black Panthers. Les champions devront lourdement payer ce geste. Ils seront suspendus et expulsés des Jeux par le Comité Olympique.
Le Black Panther Party (à l'origine le Black Panther Party for Self-Defense) est un mouvement révolutionnaire afro-américain formé en Californie en 1966 par Bobby Seale et Huey P. Newton qui a atteint une échelle nationale avant de s'effondrer à cause de tensions internes et des actions menées par l'État, en particulier le Federal Bureau of Investigation (FBI) (arrestations et agitation de factions rivales via des infiltrants). L'organisation est connue pour son programme « Free Breakfast for Children », l'utilisation du terme « pigs » (cochons) pour décrire les agents de police ainsi que pour avoir apporté des armes à feu à l'assemblée législative californienne.
Le parti a été fondé sur un programme comportant dix points (Ten Point Plan) listés ci-dessous. Le Ten Point Plan fut l'un des documents centraux du parti et sa distribution était la méthode la plus importante de diffusion, d'éducation et de recrutement.
Les dix points:
1. Nous voulons la liberté. Nous voulons le pouvoir de déterminer le destin de notre Communauté Noire.
2. Nous voulons le plein emploi pour notre peuple.
3. Nous voulons la fin du vol de notre Communauté Noire par les capitalistes.
4. Nous voulons des habitations décentes, propres à l'hébergement de personnes.
5. Nous voulons une éducation pour notre peuple qui expose la véritable nature de cette société Américaine décadente. Nous voulons une éducation qui nous enseigne notre véritable histoire et notre rôle dans la société d'aujourd'hui.
6. Nous voulons que tous les hommes noirs soient exemptés du service militaire.
7. Nous voulons la fin immédiate de la brutalité policière et du meurtre des personnes noires.
8. Nous voulons la liberté pour tous les hommes noirs détenus dans des prisons municipales, de comtés, d'état et fédérales.
9. Nous voulons que toutes les personnes noires amenées en cour soient jugées par leurs pairs ou par des personnes de leurs communautés noires tel que défini dans la Constitution des États-Unis.
10. Nous voulons des terres, du pain, des logements, de l'éducation, des vêtements, la justice et la paix.
Le 8 septembre 1968, le directeur du FBI, Edgar Hoover, qualifia le BPP de « menace la plus sérieuse à la sécurité interne du pays ». Les Black Panthers furent ainsi particulièrement ciblé par le programme de contre-insurrection COINTELPRO du FBI, qui tentait systématiquement d'interrompre les activités et de dissoudre le parti. COINTELPRO y arrivait par infiltration, propagande publique et la provocation de rivalités entre factions et ce principalement par l'envoi de lettres anonymes ou falsifiées. La police retenait le groupe par des poursuites interminables, des fusillades, des assassinats, des enquêtes, de la surveillance et des dirty tricks. Selon l'historien Ward Churchill, 27 Black Panthers furent ainsi assassinés entre 1968 et 1976. En 1969, la police avait conduit plus de 13 raids sur des locaux du parti, et à la fin de l'année, on estimait que 30 Black Panthers risquaient la peine de mort; 40 la perpétuité; 55 des peines de prison allant jusqu'à 30 ans; et encore 155 étaient soit incarcérés, soit recherchés.
La destruction du Parti est due aux dépenses légales et aux dissensions internes accentuées par COINTELPRO. En 1971, la direction nationale, avec Huey Newton à sa tête, exclut la section internationale du parti, dirigée par Eldridge Cleaver, ainsi que les sections de New York et de Los Angeles. Les exclus étaient en faveur d'une voie révolutionnaire, et plusieurs d'entre eux rejoignirent la Black Liberation Army, tandis que d'autres (par exemple Eldridge Cleaver) ont repris une politique plus modérée, pacifique. Divers membres sont restés plusieurs années en prison à la suite des dossiers du COINTELPRO, dont certains demeurent incarcérés aujourd'hui (outre Mumia Abu-Jamal, toujours dans le couloir de la mort, on peut citer Mondo we Langwa et Ed Poindexter, condamné dans les mêmes circonstances que Geronimo Pratt - voir l'affaire Rice/Poindexter, Sundiata Acoli, l'un des Panther condamné en même temps qu'Assata Shakur, etc.).
Un groupe s'appelant le New Black Panther Party a émergé de la Nation of Islam plusieurs décennies après la chute des Black Panthers originaux. Des membres du Black Panther Party original les ont publiquement et durement critiqués. Par exemple, la Dr. Huey P. Newton Foundation insiste sur le fait qu'il « n'y a pas de nouveau Black Panther Party ». Une nouvelle National Alliance of Black Panthers a été formée le 31 juillet 2004, inspirée par l'activisme de l'organisation initiale, mais non autrement reliée. Leur présidente est Shazza Nzingha.
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