THEME 2 :
GERER LES RESSOURCES TERRESTRES
Séquence 1 : NOURRIR
LES HOMMES
Peut-on nourrir une population croissante en
tenant compte des aspects socio-économiques, environnementaux et des modes
durables de développement ?
I.
Etude de cas : Le Brésil, la nouvelle ferme du monde ?
A. Quelle est la situation alimentaire du Brésil ?
1. La
demande alimentaire a augmenté au Brésil pour plusieurs raisons :
l’augmentation de la population (doc. 2) qui, bien qu’inégale, reste forte
puisque l’accroissement naturel du Brésil est de 8,5 ‰ en 2010 (doc. 1) ; la
modification des modes alimentaires (doc. 4) : l’élévation du niveau de
vie et la croissance urbaine (doc. 1) expliquent ces changements. Les
Brésiliens consomment moins de légumineuses traditionnelles (manioc) mais
davantage de céréales (blé) et de produits d’origine animale (la consommation
de viande bovine et de lait a doublé en 50 ans). L’offre alimentaire a
progressé encore plus rapidement que la demande assurant ainsi la sécurité
alimentaire du pays (doc. 2) la production alimentaire a triplé en 30 ans.
La production s’est aussi diversifiée : si le Brésil produit moins de
légumineuses ou de céréales traditionnelles (riz) par habitant, il a vu sa
production de viande bovine multipliée par 2,5 et celle du blé quadrupler.
2. Malgré ce
bilan alimentaire satisfaisant, le Brésil connaît deux ou trois problèmes
alimentaires : la sous-nutrition qui touche surtout les régions
périphériques les plus pauvres (Nordeste, Nord : doc. 1), la malnutrition,
qui est plus commune et, phénomène nouveau et essentiellement urbain, l’obésité
qui affecte 15 % des Brésiliens.
3. L’État
brésilien a mis en place un programme familial (Bolsa Familia) à destination
des familles les plus pauvres qui comprend un volet alimentaire (Fome Zero)
dont les effets sont spectaculaires : baisse de 70 % de la malnutrition.
4. Si la carte
1 montre que les inégalités régionales sont fortes entre le Nord et le Nordeste
défavorisés et affectés par les problèmes alimentaires et le Sud et le Sudeste
où la situation alimentaire est meilleure, le doc. 5 montre que ces différences
se retrouvent aussi l’échelle locale, et en particulier urbaine. Dans les
grandes métropoles brésiliennes (Sao Paulo, Rio de Janeiro, Porto
Alegre), la malnutrition sévit dans les favellas tandis que le reste de la
population mange à sa faim, voire souffre d’obésité (17 % de la population de
Rio de Janeiro).
B. Quels sont les différents systèmes agricoles du Brésil ?
1. La question
est simple et on attend des élèves l’identification des deux formes agricoles :
agriculture productiviste et agriculture vivrière.
2. La
confrontation des docs. 7 et 10 permet d’identifier les acteurs :
de petits paysans qui travaillent dans de petites exploitations (souvent
moins de 10 hectares), en famille comme le montre la photo 10.
Sur la photographie, on identifie clairement des populations amérindiennes.
Il peut être intéressant de replacer le théâtre de cette scène (Amazonie) sur
la carte 7. Outre la petite taille des exploitations, les moyens sont
rudimentaires et exclusivement manuels : agriculture sur brûlis, coupe-coupe,
technique traditionnelle de portage sur la tête dans des récipients de fortune.
Les cultures y sont aussi traditionnelles (manioc, polyculture, élevage).
L’interprétation de ces documents (nourri éventuellement du contenu du texte 8)
montre qu’il s’agit de populations pauvres qui représentent la majorité des
exploitations (53 % du nombre) mais n’exploitent que 3 % du territoire.
3.
L’agriculture productiviste s’exerce dans de très grandes exploitations
(souvent supérieures à 100 hectares). Il s’agit donc plutôt d’entreprises (on
parle d’ailleurs d’agriculture capitaliste). Elles représentent seulement un
peu plus du tiers des exploitations mais possèdent 4/5e des terres agricoles
brésiliennes. Les moyens agricoles mis en œuvre sont à la mesure de leur
puissance : mécanisation intensive rendue possible par la taille des parcelles
et les capitaux injectés. Certains élèves auront approfondi l’étude à partir
des informations données dans le doc. 8 : recours aux OGM et engrais,
intégration à l’agro-business…
4.
L’agriculture productiviste est à l’origine d’exportations qui font du Brésil
la nouvelle ferme du monde. Ainsi le Brésil détient des records d’exportations
(café, sucre, viande bovine). Des infrastructures portuaires ont été d’ailleurs
mises en place pour permettre ce commerce (Belem au nord, Santos au sud). Si le
Brésil n’est qu’au 2e rang au niveau du soja (derrière les États-Unis), le
Brésil assure néanmoins plus du tiers des ventes mondiales de cet oléagineux
destiné essentiellement à l’alimentation animale.
C. Pourquoi le modèle Brésilien est-il peu durable ?
1. L’intensification
de l’agriculture au Brésil porte atteinte à l’environnement, notamment à la
forêt amazonienne qui est défrichée au profit de la culture du soja par la
technique du brûlis (doc. 13). De plus, une forte utilisation d’intrants menace
les terres au sud du pays. Enfin, la monoculture très fortement mécanisée du
soja a un impact sur les écosystèmes et les écologistes s’inquiètent de
l’utilisation massive de variétés OGM (doc. 14).
2. Des
solutions durables commencent à être mises en place. L’agriculture
biologique (doc. 15) a pour but de protéger l’environnement car elle
n’utilise pas d’intrants d’origine industrielle et d’OGM. Le commerce équitable
(doc. 15) cherche à répondre aux objectifs à la fois économiques et sociaux de
l’agriculture durable en permettant de développer les exportations tout en
assurant un revenu décent aux exploitants. Enfin, le programme Terra Lega (doc.
16), qui vise à redistribuer et à légaliser les terres en Amazonie est une
réponse au pilier social.
3. Malgré la
mise en place des aires protégées en Amazonie, le recul de la forêt se
poursuit. Le nombre d’exploitations pratiquant l’agriculture biologique ne
représente qu’un nombre restreint de producteurs (uniquement dans l’Est du
pays). Cette agriculture en essor est donc marginale. Enfin, le commerce
équitable concerne des produits alimentaires très ciblés et un petit nombre de
producteurs (120 producteurs dans l’exemple présenté).
+ Croquis p
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II.
Des Hommes mieux nourris mais de profondes inégalités Nord/Sud : Comment
faire face au défi alimentaire mondial ?
A. Une population plus nombreuse
|
Natalité
|
Mortalité
|
Accroissement Naturel
|
Espace concerné
|
|
Régime démographique traditionnel
|
Elevé
|
Elevé
|
Faible
|
|
|
Transition démographique
|
Phase 1
|
Elevé
|
En baisse
|
Fort
|
Afrique (Sauf Maghreb et Afrique du Sud), Proche
Orient
|
Phase 2
|
En baisse
|
En baisse
|
Fort
|
Amérique Latine, Asie (Sauf Russie, Chine et Japon)
|
|
Régime post-transitionnel
|
Faible
|
Faible
|
Faible
|
Amérique du Nord, Europe, Russie, Australie, Japon,
Chine
|
B. De profondes inégalités alimentaires
La
nourriture n'a jamais été aussi abondante .En théorie, elle est suffisante pour
nourrir tout le monde. La ration quotidienne moyenne est de 2 800 kilocalories
par hab. pour permettre de couvrir les besoins élémentaires.
De fortes
inégalités existent entre le nord et le sud. L'accroissement de la pop
mondiale, l'augmentation des besoins alimentaires, la faiblesse des revenus,
les conditions climatiques engendrent malnutrition (Ration alimentaire
qui n’apporte pas les nutriments nécessaires) et sous-nutrition (Notion
quantitative, c'est un déficit de ration quotidienne de nourriture en
kilocalories, dont dispose l'individu. Un adulte doit avoir 2 400 kilocalorie/jour
pour ne pas être sous nourri.). On constate que la sous-alimentation concerne
les PMA avec l'Afrique subsaharienne, les pays émergents et aussi les PI, soit
1 milliard de personnes. On compte 2 milliards d'individus ayant une ration
alimentaire incomplète et 1 milliard d'humains en excès de poids (Suralimentation)
dont 400 millions d'obèses comme aux EU, en France.
III.
Quels modèles agricoles pour assurer la sécurité alimentaire aujourd’hui et
demain ?
A. Les agricultures vivrières pour nourrir les Hommes
1. Les agricultures vivrières dans les pays Sud
C'est une
agriculture extensive et peu productive qui ne nourrit que la famille ou un
village. S'il y a des surplus, ils sont vendus sur le marché local.
Elle
concerne l'Afrique subsaharienne, le Nordeste brésilien, l'Asie centrale.
Divers programmes d'aide ont permis des progrès: irrigation, semences, mais la
sécurité alimentaire n'est pas atteinte.
2. Intensification agricole et conquête
de nouvelles terres dans le Sud
a) L’augmentation des rendements
Dans tous
les pays du monde, la solution choisie fut la Révolution verte. C'est
une agriculture intensive mais caractérisée par les Variétés à Hauts Rendements
c’est à dire des semences améliorées permettant d'accroître les rendements de
chaque plante.
Cette
agriculture est destinée au marché mondial mais à l'origine pour faire
disparaître les famines dans les PED, comme en Inde en 1966 avec le riz ou le
café -canne à sucre comme au Brésil Les conséquences sont mitigées : Forte
augmentation des rendements, aujourd’hui en stagnation / Disparition des petits
propriétaires terriens+endettement/ Epuisement des sols+augmentation des
dépenses financières / Diminution des rendements / Diversification alimentaire
par la classe moyenne+nécessite pour régénérer les sols par la polyculture
b) L’augmentation des surfaces cultivées
C'est
l'augmentation des terres cultivées/ fronts pionniers comme au Brésil avec
l'Amazonie ou l'Indonésie. Mais ces terres sont peu fertiles, demandent beaucoup
de moyens financiers, sont surtout pour les grands propriétaires et laissant
ainsi les populations les plus pauvres en difficulté.
B. Les agricultures productivistes du Nord ont montré leurs limites
C'est
l'agriculture intensive ou un élevage intensif avec une forte spécialisation
des régions: Ex: Elevage porcin en Bretagne ou de bovins aux EU. Cet
élevage et agriculture intensifs sont intégrés à la filière agro-industrielle
ou agrobusiness.
Ces firmes
nationales ou multinationales sont des industries qui fournissent le matériel,
les semences, engrais, produits phytosanitaires et les aliments pour le bétail.
Elle assure aussi la transformation des produits agricoles dans une filière
donc les produits alimentaires st diversifiés (Surgelés-lyophilisés-
déshydratés comme le café, plats préparés….)
Cette
intégration permet de nouveaux débouchés à l'agriculteur ms il est de plus en +
dépendant: Ex: L’Inde. L’Agroalimentaire impose les produits
alimentaires pour la volaille, détermine le prix de vente et le calendrier de
production.
Ces élevages
intensifs ont montré leurs limites, voire leur dangerosité vis-à-vis de
l'homme :
- A cause
des problèmes écologiques: déforestation au Brésil, érosion (Usure des
sols en surface par l'eau de ruissellement, glissement de terrains) des sols,
pollution des nappes phréatiques et développement des algues vertes en Bretagne
par exemple.
- Des
problèmes sanitaires: ESB ou vache folle, grippe porcine transmissibles à l'homme, grippe aviaire
Conclusion : Il
existe différents modes de production qu'il est difficile de faire cohabiter.
Mais qui semblent répondre au plus grand nombre.
IV. Comment concilier production, équité
sociale (Consommateurs et producteurs) et préservation des ressources
indispensables aux cultures ?
Les
agricultures durables ont pour ambition d'être moins sélectives sur le plan
social car les techniques peuvent être mises en œuvre sur de petites
exploitations, où il y a une forte marge de rendements.
Elle protège
durablement donc dans le temps, l'environnement mais peuvent réduire les
inégalités sociales. La mise en place est très inégale à cause de la résistance
de certains Etats.
- L'agriculture
raisonnée ou éco-agriculture est une agriculture écologiquement intensive
c’est à dire à préserver les ressources indispensables aux cultures
(eau-sol-biodiversité), en réduisant les produits phytosanitaires et en
étudiant les agro systèmes locaux.
L’agriculture
bio interdit presque tous produits industriels mais les productions sont plus
faibles de 30 à 40% et les produits sont chers.
- Les OGM
sont autorisés dans de nombreux pays et à des % infimes en Europe. Leurs
risques sanitaires, environnementaux et le pouvoir des grandes firmes comme Monsanto+filiales sur
leurs semences rendent méfiants sur leur utilisation.
- Le commerce
équitable est un commerce qui garantit aux producteurs des pays Sud un
revenu correct même si celui-ci fait l'objet de cotation en bourse! Ce commerce représente moins de 1% du
commerce mondial.
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