jeudi 12 avril 2012

La décolonisation


Introduction :
La décolonisation a été l’un des faits majeurs de l’après-guerre. Elle a engendré la plupart des États du Tiers-Monde. Mais cette décolonisation a-t-elle profité à ces Etats ?
C’est ce que nous allons voir en s’intéressant tout d’abord à ses causes, puis en étudiant les évènements qui ont conduit à l’émergence du 1/3 Monde. 
I. Les causes de la décolonisation 
A. La colonisation
Elle a déséquilibre des économies et des sociétés traditionnelles : ruine des artisans concurrencés par les industriels de la métropole rupture du cadre tribal et urbanisation anarchique (bidonvilles) ; explosion démographique due aux vaccins et aux progrès de l’hygiène.
Elle a dégagé de nouvelles élites rejetées de l’« establishment » :  local étudiants venus s’instruire dans les universités européennes, syndicalistes, militants socialistes ou communistes, comme par exemple, Hô Chi Minh au Nord-Viêt Nam.
Elle a entraîné des rancoeurs à l’égard des colons : populations chassées de leurs terres, toujours reléguées à un rôle subalterne, chômage, humiliations diverses. 
B. La Seconde Guerre mondiale
Les défaites rapides des métropoles en difficulté (Royaume-Uni) ou envahies (France, Belgique, Pays-Bas. Italie) et de leurs troupes coloniales devant les Japonais ont porté un coup sévère au prestige des pays colonisateurs : Royaume-Uni en Birmanie et en Malaisie, France en Indochine, Pays- Bas en Indonésie, Belgique au Congo belge (république démocratique du Congo, ex-Zaïre).
La charte de l’Atlantique (1941) présente les Anglo-Saxons comme les champions de la liberté et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Peuvent-ils, une fois vainqueurs, refuser ce droit aux peuples colonisés
Les colonies fournissent des soldats aux métropoles ; leur sacrifice ne mérite-t-il pas une contrepartie? Dès 1942, le parti du Congrès (Inde) réclame la fin du statut colonial. 
C. Des forces nouvelles hostiles au colonialisme
• L’ONU, créée en 1945 à San Francisco et dont la charte insiste sur le droit des peuples à un gouvernement autonome, et où s’expriment les leaders des pays récemment émancipés Nehru, Sukarno...
• L’URSS, qui envoie armes et argent aux mouvements indépendantistes de tous les continents.
• Les États-Unis, qui donnent l’exemple en émancipant les Philippines acquises sur l’Espagne vers 1900 et qui encouragent la décolonisation là où ils pensent qu’elle barrera la route aux communistes (Indonésie, Indochine), mais dont l’attitude est ambiguë après la guerre de Corée par crainte de voir l’indépendance déboucher sur des régimes communistes (au Viêt Nam par exemple).
La Chine, devenue communiste en 1949, qui parraine certains mouvements de libération comme celui des Khmers rouges au Cambodge.
II. Les deux vagues de décolonisation: en Asie, puis en Afrique 
A. Les indépendances au Proche-Orient
1. La fin des mandats français en Syrie et au Liban
Ces territoires avaient été confiés à la France par la SDN. En 1945, après des troubles violents, la Syrie et le Liban en appellent à l’ONU, et, en 1946, la France se retire de la région.
2. La naissance de l’État d’Israèl
Comme les Français, les Britanniques avaient obtenu des mandats (en Irak, en Palestine et en Transjordanie). Dès 1930, l’Irak avait accédé à l’indépendance. En 1945 la Ligue arabe (7 États) est créée avec le soutien des Britanniques, et l’année suivante la Jordanie devient indépendante. La Palestine est alors peuplée de 1 200 000 Arabes et de 560 000 Juifs. Le projet de créer un État juif en Palestine est renforcé par le choc créé par le génocide mais les Britanniques s’y opposent, pour ne pas mécontenter leurs alliés arabes, et la lutte armée se développe. Incapables d’y faire face, ils s’en remettent à l’ONU qui décide de diviser la Palestine en deux États. Tandis que les Britanniques se retirent, David Ben Gourion proclame la naissance de l’État d’Israél. Immédiatement, les armées de la Ligue arabe attaquent. Le cessez-le-feu de février 1949 met fin à cette première guerre israélo-arabe au profit du nouvel Etat israélien qui s’agrandit. 900000 Palestiniens se réfugient dans des camps situés dans les pays voisins. C’est le début du problème palestinien. 
B. En Asie.
1. L’indépendance de l’empire des indes
La revendication est ancienne (action de Gandhi). Dès 1945, les travaillistes britanniques entament des négociations qui buttent sur la question de la partition : le parti du Congrès de Gandhi et Nehru souhaite conserver l’unité de l’inde, et les musulmans dirigés par Jinnah veulent fonder un État indépendant, le Pakistan. C’est cette dernière solution qui est retenue : le 15 août 1947 le Pakistan, composé de deux parties séparées par 1 700 km, et l’Union indienne accèdent à l’indépendance. Des troubles éclatent alors.
La même année, Ceylan et la Birmanie l’obtiennent également ; la Malaisie doit attendre 1957.
2. L’indépendance des Indes néerlandaises (Indonésie)
Dès le départ des Japonais, Sukarno proclame l’indépendance. Les Pays- Bas envoient un corps expéditionnaire en 1946 sous la pression de l’ONU et des États-Unis, ils doivent négocier, et l’indépendance est acquise en 1949.
3. L’Indochine
Après le départ des Japonais en septembre 1945, Hô Chi Minh proclame l’indépendance de la république démocratique du Viêt Nam. Elle est d’abord reconnue par la France qui change ensuite de position. Le bombardement du port d’Haïphong est le point de départ de la guerre qui se poursuit jusqu’à la défaite française de Diên Biên Phu en mai 1954. En juillet de la même année, les accords de Genêve divisent provisoirement le Vièt Nam en deux États. L’indépendance du Laos et du Cambodge est acquise en même temps. 
C. En Afrique.
1 . L’Afrique du Nord
La Tunisie et le Maroc sont deux protectorats français. Après une période de vives tensions, la France reconnaît leur autonomie interne, avant de leur accorder l’indépendance, en 1956.
En Algérie, seule colonie française de peuplement, les colons, pour la plupart, refusent toute réforme.
L’insurrection de la Toussaint 1954 marque le début de la guerre. Malgré un engagement croissant de l’armée, les gouvernements successifs ne parviennent pas à régler la crise. À la suite de l’insurrection algéroise de mai 1958, de Gaulle revient au pouvoir en France et enclenche un long processus qui conduit à la paix, tout en poursuivant la lutte sur le terrain. En mars 1962, les accords d’Évian reconnaissent l’indépendance de l’Algérie, proclamée en juillet.
2. L’Afrique noire
En Afrique noire française, la démarche vers l’indépendance a été progressive et pacifique. En 1956, la loi-cadre Defferre permet une évolution vers l’autonomie des territoires. En 1958, tous acceptent (sauf la Guinée) d’intégrer la Communauté française proposée par de Gaulle, et en 1960 la France reconnaît leur indépendance.
La décolonisation britannique démarre en Afrique occidentale. L’émancipation du Ghana sert de modèle aux autres colonies d’Afrique Nigeria, Kenya...
L’indépendance du Congo belge, en 1960, est suivie de violences : la sécession de la riche province du Katanga débouche sur une guerre civile dont le général Mobutu sort vainqueur en 1965.
Le dernier empire colonial à disparaître est celui du Portugal. Le Mozambique, la Guinée-Bissau, l’Angola n’accèdent à l’indépendance qu’en 1975, après une longue période de guérilla. 
III. L’émergence du Tiers-monde 
A. Naissance du Tiers-monde et non-alignement
En 1955, la conférence de Bandung réunit 29 États d’Asie et d’Afrique pour la plupart récemment décolonisés. La résolution finale condamne le colonialisme et défend la non-ingérence dans les affaires intérieures de chaque État ainsi que le respect des droits de l’homme.
Réunis à Belgrade en septembre 1961, 25 États manifestent leur rejet de toute alliance avec l’Est ou l’Ouest et fondent le Mouvement des non-alignés. Au cours des années suivantes, le Mouvement s’élargit (plus de 100 membres au milieu des années 80). L’ONU devient une nouvelle tribune du mouvement avec l’entrée massive des nouveaux pays décolonisés. Mais cette troisième force apparaît bien fragile car il est difficile pour ces jeunes États de ne pas se lier à une grande puissance afin d’obtenir une aide économique ou militaire. 
B. Le Tiers-monde divisé
1. Par la multiplication des confits armés.
Dès les années 60 entre l’Inde et le Pakistan ; ou dans les années 70 entre le Cambodge et le Viêt Nam, l’Iran et l’Irak... Les guerres civiles sont également nombreuses, surtout en Afrique.
2. Par la diversité des situations économiques.
Le décollage économique des NPI d’Asie, la richesse de certains États pétroliers du Moyen-Orient contrastent avec l’appauvrissement croissant de nombreux pays d’Afrique. 
C. Échec de l’instauration d’un nouvel ordre économique mondial
En 1964 se réunit à l’initiative de 75 pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine la première conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Elle a lieu ensuite tous les quatre ans sans grand succès et en 1974, sous la pression des représentants du Tiers-monde, une assemblée extraordinaire des Nations unies adopte un programme d’action relatif à l’instauration d’un nouvel ordre économique international dont les résultats vont s’avérer bien faibles à cause de la résistance des pays du « Nord » et des divisions de ceux du « Sud ».
Les conférences Nord-sud  donnent peu de résultats concrets, et les recommandations de l’ONU aux pays développés de consacrer 1 % de leur PNB à l’aide au Tiers-monde restent dans la plupart des cas sans effet. Les quelques résultats positifs concernent les accords régionaux ou bilatéraux (accords de Lomé). 
Conclusion :
La décolonisation s’est déroulé sous 2 formes particulières : une manière pacifique (plutôt anglaise) et une manière violente (surtout française).
Quoiqu’il en soit, plus de cinquante ans après Bandung, le Tiers-monde est éclaté. Il n’y a plus un Sud mais des Suds regroupant des pays aux situations économiques, sociales et politiques différentes.

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