Z est un film franco-algérien,
réalisé par Costa-Gavras, sorti en 1969, adapté du roman de Vassilis Vassilikos
écrit à partir de l'affaire Lambrakis. Z a reçu en 1970 l'Oscar du meilleur
film en langue étrangère pour le compte de l'Algérie et le Golden Globe du
meilleur film étranger.
Dans les années 1960, dans un
pays du bassin méditerranéen, un député progressiste (Yves Montand) est
assassiné. Le juge d'instruction chargé de l'enquête (Jean-Louis Trintignant)
met en évidence le rôle du gouvernement, notamment de l'armée et de la police
dans cet assassinat.
Au tout début du film on peut
lire : « Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou
vivantes n'est pas le fait du hasard. Elle est VOLONTAIRE ».
Z est en effet un réquisitoire
contre la dictature des colonels instaurée le 21 avril 1967 en Grèce, adapté
d'un roman de Vassilis Vassilikos fondé sur un fait réel : l'assassinat du
député grec Grigoris Lambrakis en 1963 à Thessalonique, assassinat organisé par
des éléments de la police et de la gendarmerie et camouflé au départ en
accident. Même si le nom du pays n'est pas expressément mentionné, des
références évidentes à la Grèce apparaissent dans le film, par exemple les
panneaux publicitaires pour la compagnie aérienne Olympic. La problématique du
film est le passage de la démocratie au fascisme, au travers notamment des
rapports entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif.
Nous sommes à la fin des années
1960, grande époque des films politiques où l’on dénonce le totalitarisme sous
toutes ses formes. On considère alors que tous les rouages de l’appareil d'Etat
sont corrompus de haut en bas. Ce député opposant au régime en place (Yves
Montand) est gênant : il dénonce les impostures du régime. Il faut donc
l’éliminer. Des opposants déterminés perturbent sa réunion politique, puis il
est frappé sauvagement à la fin de celle-ci, dans l’indifférence des
responsables de la police. Le coup porté est fatal : il subit un choc jugé
comme un cataclysme cérébral, qui entraîne sa mort. Un simple juge
d'instruction intègre et motivé (Jean-Louis Trintignant) conduit une enquête
minutieuse qui établit un vaste réseau de complicités ; il le démantèle en
inculpant pour assassinat des cadres imortants du régime. L’espace d’un moment
plane un semblant de justice. Malgré la normalisation finale du récit, Z reste
le symbole de la déstabilisation que l’on peut faire subir à un ordre établi
mais contesté.
C'est le premier volet de la
trilogie politique de Costa-Gavras, avant L'Aveu (1970) et État de siège
(1973).
Costa-Gavras découvre le livre de
Vassilis Vassilikos lors d'un séjour en Grèce. Dès son retour, il en tire un
scénario, en collaboration avec Jorge Semprún. Pour le financement, il
s'adresse à Eric Schlumberger et à Jacques Perrin, qu'il connaît depuis le film
Compartiment tueurs (1965). Ils assurent une partie du financement et utilisent
leurs contacts, en particulier en Algérie, où il est décidé que le film sera
tourné, ce qui pose d'ailleurs problème puisque, dans ce pays, la séparation du
pouvoir judiciaire et du pouvoir exécutif est loin d'être établie et les
libertés publiques sont limitées. Par amitié et solidarité, Jean-Louis
Trintignant accepte un cachet faible ; Yves Montand accepte de jouer en
participation. La musique est du compositeur grec Mikis Theodorakis, alors
emprisonné par le régime des colonels grecs. En réponse à Costa-Gavras, qui lui
demande d'écrire la musique du film, il lui fait passer ce mot : « Prends ce
que tu veux dans mon œuvre. »
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