dimanche 25 décembre 2011 
Dans 
une allocution à la télévision, Mikhaïl Gorbatchev annonce sa
  
démission. Le lendemain, l'URSS est formellement dissoute
Chers compatriotes, chers 
concitoyens. 
En raison de la situation qui prévaut actuellement, 
je mets fin à mes fonctions de président de l'URSS. En cette heure difficile, 
pour moi et pour tout le pays, alors qu'un grand Etat cesse d'exister, je reste 
fidèle à mes principes, qui m'ont inspiré dans la défense de l'idée d'une 
nouvelle union. 
J'ai défendu fermement l'autonomie, l'indépendance 
des peuples, la souveraineté des républiques. Mais je défendais aussi la 
préservation d'un Etat de l'Union, l'intégrité du pays. Les évènements ont pris 
une tournure différente. La ligne de démembrement du pays et la dislocation de 
l'Etat a gagné, ce que je ne peux accepter car j'y vois de grands dangers pour 
nos peuples et pour toute la communauté mondiale. Et après la rencontre 
d'Alma-Ata, ma position sur ce sujet n'a pas changé. 
Néanmoins, je ferai tout mon possible pour que les 
accords qui y ont été signés conduisent à une entente réelle dans la société et 
facilitent la sortie de la crise et le processus des réformes. Je veux encore 
une fois souligner que, durant la période de transition, j'ai tout fait de mon 
côté pour préserver un contrôle sûr des armes nucléaires. 
* 
M'adressant à vous pour la dernière fois en qualité 
de président de l'URSS, j'estime indispensable d'exprimer mon évaluation du 
chemin qui a été parcouru depuis 1985. D'autant qu'il existe sur cette question 
beaucoup d'opinions contradictoires, superficielles et non objectives. Le destin 
a voulu qu'au moment où j'accédais aux plus hautes fonctions de l'Etat, il était 
déjà clair que le pays allait mal. Tout ici est en abondance : la terre, le 
pétrole, le gaz, le charbon, les métaux précieux, d'autres richesses naturelles, 
sans compter l'intelligence et les talents que Dieu ne nous a pas comptés, et 
pourtant nous vivons bien plus mal que dans les pays développés, nous prenons 
toujours plus de retard par rapport à eux. 
La raison en était déjà claire : la société 
étouffait dans le carcan d'un système administratif de commande. Condamnée à 
servir l'idéologie et à porter le terrible fardeau de la militarisation à 
outrance, elle était à la limite du supportable. Toutes les tentatives de 
réforme partielle -et nous en avons eu beaucoup- ont échoué l'une après l'autre. 
Le pays perdait ses objectifs. Il n'était plus possible de vivre ainsi. Il 
fallait tout changer radicalement. 
C'est pourquoi je n'ai pas regretté une seule fois 
de ne pas m'être servi du poste de secrétaire général du Parti communiste de 
l'Union soviétique uniquement pour "règner" quelques années. Je l'aurais jugé 
irresponsable et amoral. 
Je comprenais qu'entamer des réformes d'une telle 
envergure et dans une société comme la nôtre était une oeuvre de la plus haute 
difficulté et, dans une certaine mesure, risquée. Mais il n'y avait pas de 
choix. Aujourd'hui encore je suis persuadé de la justesse historique des 
réformes démocratiques entamées au printemps 1985. Le processus de 
renouvellement du pays et de changements radicaux dans la communauté mondiale 
s'est avéré beaucoup plus ardu qu'on aurait pu le supposer. Néanmoins, ce qui a 
été fait doit être apprécié à sa juste valeur. 
La société a obtenu la liberté, s'est affranchie 
politiquement et spirituellement. Et ceci constitue la conquête principale, 
encore insuffisamment appréciée, sans doute parce que nous n'avons pas encore 
appris à nous en servir. Mais aussi parce que le chemin de la liberté, que nous 
avons emprunté il y a six ans, s'est avéré épineux, incroyablement difficile et 
douloureux. 
Néanmoins, une oeuvre d'une importance historique a 
été accomplie : le système totalitaire, qui a privé le pays de la possibilité 
qu'il aurait eue depuis longtemps de devenir heureux et prospère, a été liquidé. 
Une percée a été effectuée sur la voie des transformations démocratiques. Les 
élections ibres, la liberté de la presse, les libertés religieuses, des organes 
de pouvoir représentatifs et le multipartisme sont devenus une réalité. Les 
droits de l'homme sont reconnus comme le principe suprême. La marche vers une 
économie multiforme a commencé, l'égalité de toutes les formes de propriété 
s'établit. Dans le cadre de la réforme agraire, la paysannerie a commencé à 
renaître, le fermage est apparu, des millions d'hectares sont distribués aux 
habitants des villages et des villes. La liberté économique du producteur est 
entrée dans la loi, la liberté d'entreprendre, la privatisation et la 
constitution de sociétés par actions ont commencé à prendre forme. 
En dirigeant l'économie vers le marché, il est 
important de rappeler que le pas est franchi pour le bien de l'individu. Dans 
cette époque difficile, tout doit être fait pour sa protection sociale. Nous 
vivons dans un nouveau monde : la "guerre froide" est finie, la menace d'une 
guerre mondiale est écartée, la course aux armements et la militarisation 
insensée qui ont dénaturé notre économie, notre conscience sociale et notre 
morale sont stoppées. Nous nous sommes ouverts au monde, nous avons renoncé à 
l'ingérence dans les affaires d'autrui, à l'utilisation des forces armées en 
dehors du pays. En réponse, nous avons obtenu la confiance, la solidarité et le 
respect. 
Nous sommes devenus un des piliers principaux de la 
réorganisation de la civilisation contemporaine sur des principes pacifiques et 
démocratiques. Les peuples, les nations ont obtenu une liberté réelle pour 
choisir la voie de leur autodétermination. Les efforts pour réformer 
démocratiquement l'Etat multinational nous ont conduits tout près de la 
conclusion du nouvel accord de l'Union. 
Tous ces changements ont provoqué une énorme 
tension, et se sont produits dans des conditions de lutte féroce, sur un fond 
d'opposition croissante des forces du passé moribond et réactionnaire, des 
anciennes structures du parti et de l'Etat et de l'appareil économique, ainsi 
que de nos habitudes, de nos préjugés idéologiques, de notre psychologie 
nivellatrice et parasitaire. Il se sont heurtés à notre intolérance, au faible 
niveau de culture politique et à la crainte des changements. Voilà pourquoi nous 
avons perdu beaucoup de temps. 
L'ancien système s'est écroulé avant que le nouveau 
ait pu se mettre en marche. El la crise de la société s'est encore aggravée. Je 
connais le mécontentement qu'engendre l'actuelle situation difficile, les 
critiques aiguës exprimées à l'encontre des autorités à tous les niveaux et à 
l'égard de mon action. Mais je voudrais souligner encore une fois : des 
changements radicaux, dans un pays si grand et avec un tel héritage, ne peuvent 
se dérouler sans douleur, sans difficultés et sans secousses. 
Le putsch d'août a poussé la crise générale jusqu`à 
ses limites extrêmes. Le pire dans la crise est l'effondrement de l'Etat. Et 
après la rencontre d'Alma-Ata, je demeure inquiet. Je suis inquiet de la perte 
pour nos compatriotes de la citoyenneté d'un grand pays, un fait dont les 
conséquences peuvent se révéler très graves pour tous. Conserver les conquêtes 
démocratiques de ces dernières années est pour moi d'une importance vitale. 
Elles sont le fruit douloureux de notre histoire. on ne peut y renoncer sous 
aucun prétexte. Dans le cas contraire, tous les espoirs d'un avenir meilleur 
seraient enterrés. 
* 
Je parle de tout cela avec honnêteté et franchise. 
C'est mon devoir moral. Je veux exprimer ma reconnaissance à tous les citoyens 
qui ont soutenu la politique de renouvellement du pays, qui se sont impliqués 
dans la mise en oeuvre des réformes démocratiques. Je suis reconnaissant aux 
hommes d'Etat, personnalités de la vie politique et sociale, aux millions 
d'hommes à l'étranger, à ceux qui ont compris nos desseins. les ont soutenus, 
sont venus à notre rencontre, pour une coopération sincère avec nous. 
Je quitte mon poste avec inquiétude. Mais aussi avec 
espoir, avec la foi en vous, en votre sagesse et en votre force d'esprit. Nous 
sommes les héritiers d'une grande civilisation, et, à présent, il dépend de tous 
et de chacun qu'elle ne parte pas en fumée mais renaisse pour notre joie et 
celle des autres. Je veux de toute mon âme remercier ceux, qui durant toutes ces 
années, ont défendu à mes côtés une cause juste et bonne. Je suis persuadé que 
tôt ou tard nos efforts communs porteront des fruits, et que nos peuples vivront 
dans une société démocratique et prospère. Je me démets de mes fonctions de 
président. 
Je vous souhaite à tous tout le bien 
possible. 

Arrivé au pouvoir en 1985, Mikhaïl Gorbatchev tente de réformer le
système soviétique. L’auteur de l’allocution télévisée est chef de l’État
d’URSS, et Premier secrétaire du PCUS. Il annonce la fin de l’URSS et renonce à
ses fonctions. La relance de la guerre fraîche par Reagan en 1980 a conduit
l’URSS à l’implosion, obligeant le pays à des dépenses insoutenables. La
perestroïka, sorte de déstalinisation en différé, conduit à de vives
contestations et à des révolutions dans les démocraties populaires (chute du
mur de Berlin, révolution tchécoslovaque) et en Russie (putsch raté de 1991). Dans ce contexte, on peut se demander pour quelles raisons le
totalitarisme soviétique disparaît en cette fin de XX° siècle. Pour répondre à cette problématique, nous verrons que l’effondrement du
régime soviétique se fait sur un temps long. Les 1ères tentatives, commencées
sous Khrouchtchev, s’arrêtent pendant l’ère Brejnev avant de reprendre sous
Gorbatchev
I. Une 1ère tentative de modernisation sous Khrouchtchev
- Gorbatchev reconnait des tentatives plus anciennes mais qui ont été
des échecs. « Toutes les tentatives de réformes partielles ont échoué l’une
après l’autre »
- Les 1ères tentatives sont menées par Khrouchtchev. En février 1956,
lors du XX° Congrès du PCUS, Khrouchtchev lit un rapport secret devant les
délégués soviétiques. Il dénonce les crimes de Staline. Il explique aussi que
Staline avait renoncé au marxisme-léninisme. « Le système totalitaire […] a été
liquidé »
- Cependant, il ne s’agit pas d’une démocratisation : Pas de remise en
cause du système soviétique
La liberté d’expression est très limitée (Boris Pasternak est contraint
à refuser le Nobel de littérature en 58 pour Docteur Jivago).
D’autre part la libéralisation ne touche pas les démocraties populaires
(Intervention en Hongrie en novembre 1956)
Enfin, les réformes économiques sont un échec et la volonté de
décentralisation de Khrouchtchev se heurte aux intérêts de la bureaucratie du
parti.
II. L’immobilisme sous Brejnev
- Khrouchtchev est limogé en octobre 1964 par les cadres du Parti
(Nomenklatura). Leonid Brejnev (1964-1982) s’impose peu à peu. La réforme
économique s’enlise et les dissidents, pourchassés par le KGB sont envoyés en
camp ou en hôpital psychiatrique.
- Ce n’est cependant pas un retour au stalinisme car la volonté de
forger un homme nouveau à disparu. L’immobilisme l’emporte dans les années 1970
avec le vieillissement de la Nomenklatura (90% des membres du bureau politique
ont plus de 60 ans) « Forces du passé moribond et réactionnaire, des anciennes
structures du parti et de l’Etat »
III. Un système impossible à réformer
- A son arrivée au pouvoir Gorbatchev met en place la Perestroïka
(Restructuration). Il ne s’agit pas d’instaurer le capitalisme (La référence de
Gorbatchev reste Lénine) mais de débloquer un système marqué par la mauvaise
qualité des productions et le manque de motivation des travailleurs :
Assouplissement de la planification, autonomie des entreprises et création d’un
secteur privé. Ces mesures fragilisent l’économie et leur application se heurte
à la mauvaise volonté de l’administration. « Le pays allait mal » « La marche
vers une économie multiforme a été commencée »
- Gorbatchev se rend vite compte que le parti est un obstacle à la
modernisation. Il encourage donc la critique et abolit la censure. C’est la
Glasnost (Transparence). Les médias abordent des sujets plus sensibles comme
les privilèges de la Nomenklatura. L’opinion publique réclame
l’approfondissement du changement, y compris politique.
Gorbatchev modifie la Constitution et organise les 1ères élections
libres lors des élections du Congrès des députés du peuple en 1989. Ce congrès
procède à son élection comme président de l’URSS ce qui renforce sa légitimité.
- Parmi les causes de son échec, Gorbatchev fait également référence à
la pression extérieure avec la reprise de la course aux armements : « Terrible
fardeau de la militarisation à outrance »  
En conclusion, l’auteur explique son échec par la rigidité et
l’immobilisme des structures du parti et de l’État, de la Nomenklatura
détentrice des postes clefs depuis Brejnev. Il sous-entend que la
déstalinisation amorcée par Khrouchtchev n’a jamais atteint ses objectifs à
cause des conservateurs du parti, fidèles au stalinisme, auteurs d’une
tentative de putsch en Russie à l’été 1991. Les difficultés économiques étaient
aussi trop graves pour que le système soit sauvé, mais la réforme entreprise
reste légitime. Cependant, l’auteur minimise les événements dans les démocraties
populaires et de la construction européenne après la réunification allemande.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
une question, un avis ??