samedi 1 octobre 2011

1er octobre 1936 : Les rebelles nationalistes espagnols désignent le général Franco comme chef.


La guerre d'Espagne (souvent également désignée sous le nom de guerre civile espagnole ou moins fréquemment de révolution espagnole) est un conflit qui opposa, en Espagne, le camp des « nationalistes » à celui des « républicains » ces derniers réunissant, parfois avec de vives tensions, communistes, socialistes, républicains et anarchistes. Elle se déroula de juillet 1936 à avril 1939 et s'acheva par la défaite des républicains et l'établissement de la dictature de Francisco Franco, qui conserva le pouvoir absolu jusqu'à sa mort en 1975. Cette guerre fut la conséquence, sur le long terme, des malaises sociaux, économiques, culturels et politiques qui accablaient l'Espagne depuis plusieurs générations. Après la proclamation de la IIe République en 1931, l'exacerbation croissante des tensions entre Espagnols culmina avec l'insurrection durement réprimée des Asturies (1934) et la résurgence de troubles civils et de violences réciproques au printemps 1936, après la victoire électorale du Frente Popular. Préparé de longue date, le soulèvement militaire et civil du camp nationaliste éclata le 18 juillet 1936, mais sa mise en échec partielle contraignit les deux camps à se livrer une guerre totale imprévue, longue et meurtrière. Le conflit prit aussi la forme, dans certains territoires sous contrôle républicain, d'une révolution sociale originale qui aboutit à la collectivisation des terres et des usines, et expérimenta différentes sortes d'organisation de type socialiste (soutenues notamment par des anarchistes de la CNT).
Les forces en présence sont équilibrées au commencement du conflit. Il semble qu'au début de 1937, chaque camp dispose d'environ 500 000 hommes. L'armée espagnole, avant la guerre, est plutôt médiocre, avec un matériel hors d'âge et des tactiques d'un autre temps. La livraison d'armes allemandes et italiennes permet une nette amélioration de l'armement de l'armée nationaliste. Les avions italiens se révèlent décisifs lors des premiers jours du conflit, en permettant aux troupes franquistes de franchir le détroit de Gibraltar. Des firmes étrangères telles que Ford et Texaco fourniront également, à crédit, camions et carburant en quantités importantes. De plus, les nationalistes disposent des troupes les plus aguerries : les Maures et les « Tercios » de la Bandéra (Légion étrangère espagnole). Stationnées au Maroc espagnol, elles sont commandées par des officiers qui ont l'expérience des guerres coloniales. Les républicains sont quant à eux progressivement équipés d'armes soviétiques, mais l'approvisionnement pose problème en raison du blocus maritime des puissances européennes, plus relâché du côté nationaliste. Moscou enverra aussi des conseillers militaires, essentiellement utilisés pour faire fonctionner les avions et les chars, ainsi que des commissaires politiques du Komintern, essentiellement pour assurer la répression au sein des forces communistes dissidentes, tels que les trotskistes et les militants du POUM. Les problèmes majeurs, pour les républicains, se posent du côté de l'organisation. En effet, il s'agit d'une armée populaire créée de toutes pièces, et n'obéissant pas au gouvernement, car basée sur l'idée d'une défense populaire assurée par chaque citoyen, sans commandement centralisé. Devant l'échec de cette organisation, le gouvernement a tenté de créer une armée populaire sous la forme d'un corps national (en place au printemps 1937), avec une discipline et un commandement communs. Ces hésitations reflètent l'opposition entre communistes, tenants d'une armée organisée, et anarchistes, partisans d'une défense populaire. En règle générale, l'armée républicaine souffre d'une carence en officiers d'active qui ont pour beaucoup choisi de rejoindre le camp nationaliste. La plupart des bâtiments de la Marine sont restés aux mains de la République, mais les marins, sans leurs officiers, ne sont pas capables d'en faire un bon usage.
En France, Léon Blum, de tout cœur avec les républicains reçoit une demande d'assistance le 20 juillet 1936 à laquelle il répond positivement, mais il doit faire marche arrière devant l'opposition de la droite, des radicaux (Édouard Herriot), du président modéré Albert Lebrun et du Royaume-Uni. Finalement, le choix est fait d'appliquer une politique de « non-intervention », seule notion permettant d'associer les Britanniques au règlement du conflit. Côté britannique, le gouvernement de Neville Chamberlain et les élites britanniques voient l'Espagne comme un pays en pleine révolution « communiste » (les Anglais refusent de se battre pour des « communistes espagnols »). De plus, tout est fait pour éviter un conflit avec les puissances totalitaires : on pense qu'en étant conciliants avec l'Allemagne, on peut arriver à s'entendre avec Hitler sur ses ambitions expansionnistes. C'est dans ce contexte que Léon Blum propose le pacte de non-intervention, signé par la quasi-totalité des pays européens. Un comité est créé à Londres pour en définir les modalités. Chaque pays se voit chargé d'empêcher la livraison d'armes en Espagne : les Britanniques doivent assurer le respect d'un embargo sur les armes dans l'Atlantique, la France dans les Pyrénées, et l'Italie sur la côte méditerranéenne. La France et le Royaume-Uni (embargo sur les armes le 31 juillet) envoient cependant des armes aux républicains mais secrètement.
L'aide italienne au camp nationaliste, limitée au début du conflit, devient massive dès la fin de l'année 1936. Elle se matérialise par des livraisons importantes de matériel (près de 700 avions et 950 chars) mais surtout par l'envoi de nombreux soldats. Le corps des volontaires italiens (CTV) atteint jusqu'à 50 000 hommes. Contrairement aux troupes allemandes, les Italiens sont bien intégrés dans les combats après leur défaite à la bataille de Guadalajara. Mussolini semble envoyer ses troupes davantage dans le but de renforcer son rayonnement que par affinité idéologique avec Franco. Même si le fascisme partageait son inspiration socialiste avec le nationalisme espagnol, Franco était un fervent catholique et un militaire de carrière conservateur, donc tout l'opposé d'un fasciste athée et révolutionnaire. Pour Mussolini la guerre en Espagne est l'occasion d'effectuer une propagande d'ampleur internationale. Mussolini a aussi des intérêts économiques (des armes italiennes sont vendues aux nationalistes) et stratégiques (utopie d'une mainmise sur la Méditerranée, qui passerait notamment par l'annexion des îles Baléares espagnoles). Mussolini espérait également placer un régent italien sur une partie de l'Espagne. En mars 1938, les Italiens bombardent Barcelone, fief des républicains espagnols. Les quelque 3 000 morts et nombreux blessés soulèvent l'indignation de la communauté internationale. Le pape Pie XI va jusqu'à protester auprès de Mussolini.

Serrano Suner, beau-frère de Franco, alors admirateur de Goering, demande de l'aide à l'Allemagne nazie pour que l'Italie n'ait pas la mainmise sur l'Espagne. L'Allemagne nazie participe au conflit aux côtés des nationalistes en engageant 10 000 hommes au plus fort du conflit, mais ce sont essentiellement des techniciens et instructeurs, peu de soldats. Les rares forces de combat sont limitées à quelques compagnies de chars et aux avions de la légion Condor. Hitler se sert de cette guerre pour essayer le nouveau matériel et y gagne aussi sur le plan économique : en effet, il a négocié en échange de son aide le contrôle des sociétés minières espagnoles. Parmi les faits marquants des envoyés allemands en Espagne, le bombardement de civils à Guernica au Pays basque, le 26 avril 1937, préfigure les stratégies de la guerre totale à venir. Après cet événement, condamné par une bonne partie de la communauté internationale, l'aide allemande se réduit.
Particulièrement violente, et durablement traumatisante, la guerre d'Espagne est tristement célèbre comme théâtre de multiples exactions. Elle vit en particulier les premiers bombardements militaires sur les civils, perpétrés par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste, alliés de Franco, l'élimination du POUM et de ses responsables antistalinien par le NKVD et des anarchistes par le Parti communiste espagnol, des massacres spontanés de suspects, d'hommes d'Église ou de membres des classes moyennes et dirigeantes par des anarchistes et des communistes dans les mois qui suivirent la sédition militaire, tandis que le nouvel État nationaliste se construisait à travers la terreur et l'épuration systématiques. En particulier, les franquistes refusèrent toutes les propositions adverses de compromis et poursuivirent, après leur victoire, une répression incessante et de très grande ampleur. Cette guerre civile fut également le théâtre des prémices de la Seconde Guerre mondiale, les futurs belligérants européens commençant à s'y affronter plus ou moins directement : l'Allemagne d'Hitler et l'Italie de Mussolini apportèrent leur soutien à Franco, tandis que l'Union soviétique de Staline vendit des armes aux républicains (tout en cherchant la prise de pouvoir au sein de la République). La France et le Royaume-Uni choisirent la non-intervention et le blocus des exportations d'armes, mais laissèrent les Brigades internationales s'engager aux côtés des républicains. La guerre d'Espagne divisa et passionna les opinions publiques du monde entier. L'engagement de nombreux intellectuels et artistes auprès des combattants, en particulier dans les Brigades internationales, a contribué à lui faire acquérir très vite une dimension légendaire qui perdure encore. Le chiffre des victimes reste difficile à quantifier. Les sources manquent parfois, soit qu'elles n'aient pas été constituées, soient qu'elles aient disparu. Quand elles existent, elles sont souvent manipulées ou accusées de l'être, et font donc encore parfois l'objet de controverse. Dans les deux camps, on a pu parler d'un million de morts (chiffre énorme pour un pays de 26 millions d'habitants), mais ce chiffre est largement considéré comme exagéré. Actuellement, les estimations les plus sérieuses varient entre 380 000 et 451 000 morts des conséquences directes de la guerre.
Les chiffres suivants sont des estimations :
 100 000 à 285 000 soldats morts au combat (pertes militaires directes)
 10 000 à 150 000 civils morts des bombardements
 40 000 à 200 000 exécutions en zone nationaliste
 20 000 à 86 000 exécutions en zone républicaine
 30 000 à 200 000 exécutions par le gouvernement franquiste entre 1939 et 1943
La seule bataille de l'Èbre aurait fait près de 60 000 victimes.
Il faut ajouter à ces chiffres la surmortalité due à la famine ou aux épidémies mais le chiffre de ces victimes (estimé à 330 000) est difficile à établir.

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