jeudi 1 septembre 2011

1er septembre 1870 : La bataille de Sedan


La bataille de Sedan eut lieu le 31 août et le 1er septembre 1870 pendant la guerre franco-allemande, à Sedan. Avec la capitulation des troupes françaises et la capture de Napoléon III le 2 septembre, elle fut décisive pour l'issue de la guerre.
Dès 1860, la Prusse, l'un des Etats allemands majeurs, profita de sa puissance militaire pour tenter d'imposer son influence en Allemagne et vis-à-vis des pays voisins, tels que la France et l'Autriche. La victoire des Prussiens à Sadowa en 1866 réduisit à néant l'influence de l'Autriche et confirma la prédominance de la Prusse en Allemagne. La deuxième étape du développement prussien devait se faire aux dépens de la France. La volonté prussienne de placer un prince Hohenzollern sur le trône d'Espagne (ce qui aurait placé la France entre deux puissances hostiles) fut pour beaucoup dans le déclenchement des hostilités.  Le 21 juin 1870, le Prince Léopold de Hohenzollern-Sigmarinen, cousin du Roi de Prusse Guillaume Ier, se porta officiellement candidat à la succession au trône d'Espagne. Le 6 juillet, le ministre des affaires étrangères français, Gramont, déclara devant la Chambre législative l'opposition de la France à ce projet. L'Ambassadeur de France, Vincent Benedetti se rendit à Ems, près de Coblence, afin d'y rencontrer Guillaume Ier. Le père de Léopold annonça le 12 juillet le retrait de la candidature de son fils. Mais le duc de Gramont exigea le renvoi de Benedetti à Ems pour demander au Roi de Prusse de garantir ce retrait. Le Roi refusa cette audience mais fit savoir son approbation par son aide de camp, le prince Radziwill. Le même jour le Roi envoya à Bismarck une dépêche pour l'en informer. Il autorisa Bismarck à la publier en partie ou en intégralité. Pour Bismarck, l'occasion s'avéra trop belle pour cimenter l'unité Allemande sous l'autorité d'un Empereur prussien. Un rapport allemand montra la mauvaise préparation de l'Armée Française au lendemain de l'expédition mexicaine qui avait tourné au désastre.  L'Armée française était vieillissante et ne disposait d'aucun dirigeant de valeur. Un autre point important fut la fin du traité d'alliance avec la Bavière au 1er Août 1870. Bismarck savait que Louis II refuserait de le renouveler et il lui fallait agir vite.
Par la dépêche d'Ems du 13 Juillet 1870, Bismarck signifia le refus du Roi de Prusse dans un communiqué volontairement tronqué :
"L'Ambassadeur de France a prié à Ems Sa Majesté de l'autoriser à télégraphier à Paris que Sa Majesté s'engage à ne jamais permettre la reprise de la candidature Hohenzollern. Sa Majesté le Roi a refusé de recevoir à nouveau l'Ambassadeur et lui a fait dire par l'aide de camp de service qu'elle n'avait plus rien à lui communiquer...  "
A Paris la dépêche falsifiée par Bismark fut relayée par une presse hystérique. L'effet fut accentué par la traduction erronée du mot allemand «Adjudant» par le même mot en Français (en allemand Adjudant se dit : Feldwebel) ce qui laissa à penser que Vincent Benedetti, l'Ambassadeur de France en Prusse avait été humilié en étant éconduit par un simple sous-officier et non par le prince Radziwill.
Pour la France, cette provocation conduira à l'imprudente déclaration de la guerre à la Prusse du 19 Juillet 1870.
Au 1er août 1870, l'armée de Napoléon III alignait 250.000 hommes peu motivés.  En face, l'armée prussienne comptait 380.000 hommes bien équipés. Le 2 août, prompt à se glorifier de ses prouesses militaires, Napoléon III ordonna à ses forces de pénétrer en territoire prussien. Le 4, en Alsace, 5.000 Français se retrouvèrent face à 40.000 Prussiens dans le secteur de Wissembourg et durent battre en retraite après avoir perdu 1.200 hommes (contre 1.500 aux Prussiens).  Le 6, les Allemands, fortement supérieurs en nombre, déclenchèrent une double offensive en Alsace et en Lorraine.  Les 46.000 hommes de Mac-Mahon résistèrent, sans espoir de renfort, à 125.000 Prussiens à Froeschwiller et s'y sacrifièrent inutilement.  A Forbach, 29.000 Français furent vaincus par 70.000 assaillants et rejetés vers Metz. En dépit des ordres de Napoléon III, l'armée du Rhin du maréchal Bazaine fit mouvement vers la ville fortifiée de Metz.  Après la bataille de Saint-Privat, le 18, Bazaine fut contraint de se réfugier dans Metz où il fut encerclé par plusieurs milliers de Prussiens. Restait l'armée de Mac-Mahon dont les 140.000 hommes se regroupaient à Châlons après la défaite de Froeschwiller.  Ce fut cette armée qui fut chargée de débloquer Metz, d'où Bazaine tenterait une sortie le 19.  Ce projet, qui aurait dû rester secret, fut étourdiment communiqué à la presse qui publia les détails dans les colonnes de ses journaux.  Les Allemands n'eurent aucune peine à devancer la marche d'escargot de l'armée de secours.  Lorsque l'armée de Mac-Mahon s'installa aux alentours de Sedan le 31 août, dans un triangle compris entre la Meuse  et Sedan, le village de Floing, et celui de Givonne, elle fut rapidement encerclée par deux armées allemandes, totalisant 240.000 hommes, qui prirent possession des collines voisines afin d'y installer une puissante artillerie.  Lorsque Mac-Mahon réalisa son erreur et prit la décision de percer en direction de Mézières, il était déjà trop tard.
Les Français tentèrent de sortir du piège au matin du 1er septembre.  Disposant de 90.000 hommes de plus et d'une artillerie nettement plus performante (le fusil français Chassepot était toutefois supérieur au fusil Dreyse de 1841), les Allemands n'eurent aucun mal à prendre des dispositions défensives. Blessé dès le début des combats, le maréchal Mac-Mahon dut céder le commandement au général Ducrot.  Au même moment, le général Wimpffen, arrivé la veille, présenta des ordres écrits du Ministère de la Guerre l'autorisant à prendre le commandement en cas d'incapacité de Mac-Mahon...  Dans des circonstances difficiles, l'armée française venait, en moins de trois heures, de passer sous le commandement de trois généraux différents ! Wimpffen, négligeant la puissance de l'artillerie prussienne, se vanta de rejeter l'ennemi dans la Meuse en moins de deux heures.  Malgré le souhait de l'Empereur de se rendre, la décision fut prise de briser l'encerclement en attaquant le village de Floing, principalement à l'aide de la cavalerie du général Margueritte.  Ce dernier fut rapidement tué et remplacé par le général Gallifet qui mena trois charges contre Floing.
La cavalerie dut charger sur une pente tellement accidentée que les cavaliers eurent du mal à maintenir leur élan sans que les chevaux ne s'entravent où ne tombent.  La tactique française s'avéra des plus simplistes : faire charger en masse la cavalerie afin de briser l'encerclement...   Lorsque la seconde charge échoua , Gallifet en ordonna une troisième.  Un feu impitoyable s'abattit sur les cavaliers et les escadrons français durent refluer en désordre.  Les officiers prussiens ordonnèrent de cesser le feu afin de permettre aux rescapés de se retirer.  Un officier d'artillerie prussien commenta après la bataille : "Ce fut un massacre horrible.  Les cris atroces des soldats blessés par nos obus parvenaient jusqu'à nous."  Acculé, Napoléon III ordonna d'hisser la drapeau blanc.  Wimpffen, aveuglé par l'ambition,  tenta de s'y opposer mais dut finalement se rendre à l'évidence. La victoire prussienne fut totale.  Au prix de 9.000 hommes perdus, ils infligèrent aux Français la perte de 17.000 tués et 104.000 prisonniers dont l'Empereur Napoléon III en personne.
Le 2 septembre, Napoléon III tenta de traiter avec Guillaume de Prusse.  Les conditions de paix dictées par les Prussiens furent sévères : l'armée toute entière, y compris l'Empereur, dut se rendre; l'Alsace et la majeure partie de la Lorraine seraient remises au vainqueur en plus d'une indemnité de 4 milliards de francs. Le désastre fut parachevé par la capitulation, dans Metz, des 173.000 hommes de Bazaine, le 27 octobre 1870.  En trois mois, la Prusse et ses alliés défirent complètement les forces impériales françaises. A Paris, l'impératrice Eugénie prit la fuite vers l'Angleterre tandis qu'un gouvernement de "Défense nationale", dirigé par Gambetta, s'installait au pouvoir au lendemain de la proclamation de la déchéance à perpétuité de Louis-Napoléon Bonaparte et de sa dynastie. Deux semaines après le désastre de Sedan, les Prussiens entamèrent le siège de Paris grâce à une série de tranchées et de redoutes reliées entre elles par un réseau télégraphique.  Affamés, les Parisiens tentèrent, en novembre et en décembre, des sorties qui furent repoussées avec des pertes sanglantes par 300.000 Prussiens et 900 canons. Les armées de secours rassemblées par Gambetta attaquèrent sur la Loire, en Picardie, en Bourgogne, en Franche-Comté...  Composées d'effectifs des plus hétéroclites, elles furent partout contraintes à la retraite. En désespoir de cause, les Français signèrent l'armistice le 28 janvier 1871, dix jours après le couronnement de l'Empereur d'Allemagne dans la galerie des Glaces du palais de Versailles.    L'Allemagne venait de remplacer la France comme première puissance en Europe continentale.

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