19 février : Ouverture du procès de Riom
Le gouvernement
de Vichy assigne en justice les anciens dirigeants politiques et militaires
français: Edouard Daladier,
Guy La Chambre, Maurice Gamelin, Léon Blum
et Robert Jacomet à Riom dans le Puy-de-Dôme. Ils sont accusés d'être
responsables de la défaite de 1940. Plus de 400 témoins sont appelés à
comparaître. Les juges
ont pour instruction de juger les coupables sur la période allant de 1936 à
1940. Ainsi les actions du maréchal
Pétain,
ministre
de la Guerre
en 1934 sortent du champ du procès.
Le procès
de Riom tournera rapidement à la confusion et Hitler,
irrité, le suspendra en avril. Les accusés seront renvoyés en prison
puis livrés aux Allemands.
L'accusation voulait montrer que les politiques
avaient commis de graves fautes, on leur reprochait notamment de ne pas avoir
assez bien équipé l'armée. Plusieurs de ces erreurs, se cumulant, auraient été
la cause de la défaite française face à l'armée allemande. Il n'est pas le
premier procès de la défaite organisé en France du fait du précédent historique
du procès de François Achille Bazaine à la suite de la défaite de 1870. Le procès devait
surtout fournir une certaine légitimité au régime
de Vichy, en démontrant que la IIIe
République était un mauvais système politique, qui avait mené la France à la
défaite. Certains membres de l'armée voyaient en ce procès un moyen de rejeter
la faute de la rapide défaite française sur d'autres qu'eux ; et enfin, le
régime nazi
était trop heureux de démontrer l'inefficacité de la démocratie
et de désigner ses responsables politiques comme « fauteurs de guerre »
(c'était en effet, après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne,
la France et l'Angleterre qui avaient déclaré la guerre à l'Allemagne en 1939).
Alors que l'instruction piétine et que la tension
monte dans le conflit, notamment après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne
le 22 juin 1941, le maréchal
Pétain annonce à la radio qu'il condamnera lui-même les coupables, en vertu de
l'Acte constitutionnel no 7
du 27 janvier 1941, après avoir
écouté l'avis d'un Conseil de justice politique qu'il instaure. Ce nouvel
organe rend ses conclusions le 16 octobre 1941. Pétain décide alors :
- d'abandonner
les poursuites contre Paul Reynaud et Georges
Mandel. Ces derniers seront tout de même incarcérés arbitrairement au fort du Portalet. Ils seront enlevés par les
Allemands plus tard, et ne seront pas remis à la France, malgré les protestations
officielles de Pétain pour qui cette « affaire » était du ressort de
l'État français et non de l'occupant.
- les cinq
autres accusés sont inculpés et condamnés à la peine maximale prévue à
l'article 7, la détention à vie dans une enceinte fortifiée.
Après que Pétain a condamné les responsables
politiques, ce sont les hommes, en tant que citoyens, qui seront jugés à Riom (conformément à
l'article 4 de l'Acte constitutionnel no
7 qu'il avait décrété). C'est ainsi que le président de la Cour, Caous, précise
au début du procès que les accusés sont considérés comme de simples prévenus et
que « pour la cour, le procès n'est pas et ne sera jamais
un procès politique ».
Les cinq personnes inculpées furent :
- Léon
Blum, ancien président du Conseil du Front populaire ;
- Édouard Daladier, ancien ministre de la Guerre et
Président du Conseil de 1938 à 1940
- le général Maurice
Gamelin, ancien Chef de l'État-Major
- Guy
La Chambre, ancien ministre de l'Air
- Robert Jacomet, ancien
contrôleur général de l'administration des Armées
Léon Blum, Édouard Daladier et le général Maurice
Gamelin furent également détenus au château de Chazeron et au fort
du Portalet. Guy La Chambre et Robert Jacomet au château de Bourrassol sur
la commune de Ménétrol dans le Puy-de-Dôme.
Les deux autres inculpés qui ne furent pas poursuivis étaient :
- Paul
Reynaud, ancien président du Conseil en 1940 ; le 5 septembre 1940, il
est interné au château de Chazeron, puis au fort du
Portalet, comme étant l'un des responsables de la défaite. Il est ensuite
pris par les Allemands et emprisonné au camp d'Oranienburg en
1942. En 1943, il est transféré au château d'Itter dans le Tyrol où il retrouve
Daladier, Gamelin et Jouhaux. Il est libéré par les troupes américaines en
1945.
- Georges
Mandel, ancien ministre de l'Intérieur ; interné puis remis aux
Allemands (novembre 1942). (Pendant toute l'Occupation, la
presse collaboratrice le dénonça avec acharnement, et après le meurtre de Philippe Henriot par la Résistance, les nazis
le livrèrent à la Milice française qui l'assassina en forêt de Fontainebleau en 1944.)
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