vendredi 20 avril 2012

Histoire des arts : Z


Z est un film franco-algérien, réalisé par Costa-Gavras, sorti en 1969, adapté du roman de Vassilis Vassilikos écrit à partir de l'affaire Lambrakis. Z a reçu en 1970 l'Oscar du meilleur film en langue étrangère pour le compte de l'Algérie et le Golden Globe du meilleur film étranger.
Dans les années 1960, dans un pays du bassin méditerranéen, un député progressiste (Yves Montand) est assassiné. Le juge d'instruction chargé de l'enquête (Jean-Louis Trintignant) met en évidence le rôle du gouvernement, notamment de l'armée et de la police dans cet assassinat.
Au tout début du film on peut lire : « Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou vivantes n'est pas le fait du hasard. Elle est VOLONTAIRE ». 

Z est en effet un réquisitoire contre la dictature des colonels instaurée le 21 avril 1967 en Grèce, adapté d'un roman de Vassilis Vassilikos fondé sur un fait réel : l'assassinat du député grec Grigoris Lambrakis en 1963 à Thessalonique, assassinat organisé par des éléments de la police et de la gendarmerie et camouflé au départ en accident. Même si le nom du pays n'est pas expressément mentionné, des références évidentes à la Grèce apparaissent dans le film, par exemple les panneaux publicitaires pour la compagnie aérienne Olympic. La problématique du film est le passage de la démocratie au fascisme, au travers notamment des rapports entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif.

Nous sommes à la fin des années 1960, grande époque des films politiques où l’on dénonce le totalitarisme sous toutes ses formes. On considère alors que tous les rouages de l’appareil d'Etat sont corrompus de haut en bas. Ce député opposant au régime en place (Yves Montand) est gênant : il dénonce les impostures du régime. Il faut donc l’éliminer. Des opposants déterminés perturbent sa réunion politique, puis il est frappé sauvagement à la fin de celle-ci, dans l’indifférence des responsables de la police. Le coup porté est fatal : il subit un choc jugé comme un cataclysme cérébral, qui entraîne sa mort. Un simple juge d'instruction intègre et motivé (Jean-Louis Trintignant) conduit une enquête minutieuse qui établit un vaste réseau de complicités ; il le démantèle en inculpant pour assassinat des cadres imortants du régime. L’espace d’un moment plane un semblant de justice. Malgré la normalisation finale du récit, Z reste le symbole de la déstabilisation que l’on peut faire subir à un ordre établi mais contesté.

C'est le premier volet de la trilogie politique de Costa-Gavras, avant L'Aveu (1970) et État de siège (1973).
Costa-Gavras découvre le livre de Vassilis Vassilikos lors d'un séjour en Grèce. Dès son retour, il en tire un scénario, en collaboration avec Jorge Semprún. Pour le financement, il s'adresse à Eric Schlumberger et à Jacques Perrin, qu'il connaît depuis le film Compartiment tueurs (1965). Ils assurent une partie du financement et utilisent leurs contacts, en particulier en Algérie, où il est décidé que le film sera tourné, ce qui pose d'ailleurs problème puisque, dans ce pays, la séparation du pouvoir judiciaire et du pouvoir exécutif est loin d'être établie et les libertés publiques sont limitées. Par amitié et solidarité, Jean-Louis Trintignant accepte un cachet faible ; Yves Montand accepte de jouer en participation. La musique est du compositeur grec Mikis Theodorakis, alors emprisonné par le régime des colonels grecs. En réponse à Costa-Gavras, qui lui demande d'écrire la musique du film, il lui fait passer ce mot : « Prends ce que tu veux dans mon œuvre. »

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