A partir de l'été 1942, Hitler perd fréquemment le contrôle de ses nerfs en présence de ses principaux officiers: Halder, Zeitzler; de plus, il s'isole au sein même des équipes qui l'entourent à l'état-major, ne prend plus ses repas avec ses principaux collaborateurs et n'assiste plus aux briefings.
Les premières défaites l'obsèdent, Stalingrad en premier. Dans cette ville industrielle qui porte le nom de son adversaire, les opérations deviennent pendant des mois un enjeu symbolique, théâtre d'un duel direct entre Adolf Hitler et Joseph Staline. Après une bataille acharnée rue par rue, maison par maison voire pièce par pièce, la VIe Armée de Friedrich Paulus se retrouve encerclée dans la ville. Hitler interdit toute tentative de sortie qui abandonnerait la ville, et toute capitulation. En janvier 1943, il nomme Paulus maréchal : aucun maréchal allemand n'ayant jamais capitulé, il escompte que Paulus se suicidera plutôt que de se rendre. Peine perdue, la capitulation du nouveau promu à Stalingrad, le 2 février 1943, a un retentissement mondial immense et illustre le tournant en cours de la guerre à l'Est. Si Hitler a froidement sacrifié une armée de 300 000 hommes à Stalingrad, son obsession à maintenir les troupes épuisées dans la ville en ruines n'est cependant pas due qu'à un orgueil insensé de sa part ou qu'à son fanatisme, ainsi qu'il est généralement avancé. Les 100 000 Allemands survivants encerclés fixaient aussi plus de 500 000 Soviétiques, soulageant d'autant le gros de la Wehrmacht, qui pendant ce temps se replie en bon ordre en Ukraine, d'où elle peut vite relancer des contre-offensives. Au demeurant, vu les conditions de vie et la mortalité dans une URSS tout entière affamée par l'invasion hitlérienne, les rescapés de Stalingrad n'auraient pas davantage survécu à leur captivité si elle avait commencé plus tôt. Pendant l’offensive d’été en Russie du Sud en 1942, Hitler répète l’erreur de l’année précédente en divisant un groupe d’armée en deux, le rendant ainsi plus vulnérable. Le groupe A se dirige vers le Caucase et ses champs de pétrole, le groupe B se dirige vers Stalingrad. Dans le même temps, l'état physique du commandant en chef décline rapidement: atteint d'une maladie mal diagnostiquée, il présente à Guderian et tous ses visiteurs en février 1943 l'image d'un homme prématurément vieilli, abattu, fatigué par ses insomnies à répétition, atteint d'un tremblement au bras gauche, au teint blême, au regard vague et mal soigné par son médecin, le Dr Morell. Du fait de ses insomnies, il adopte au fil du conflit un rythme de vie totalement décalé: le petit déjeuner est pris en fin de matinée, et le déjeuner en début de soirée, et le thé est servi à ses invités et à ses proches collaborateurs tard dans la soirée.
Au même moment, Rommel est chassé d'Afrique du Nord par les Alliés, et le refus obstiné d’Hitler d'évacuer la Tunisie coûtera encore 250 000 prisonniers à l'Axe en mai 1943.
Très réservé sur l'offensive de Koursk (sa dernière sur le front de l'Est, et la plus grosse bataille de blindés de l'Histoire) Hitler ne fait aucune difficulté pour l'arrêter, le 13 juillet 1943, quant à son échec flagrant vient s'ajouter le débarquement allié en Italie.
Ce débarquement l'oblige à dégarnir le front russe et précipite le renversement de Mussolini. Ce dernier, l'un des rares hommes pour qui Hitler conserve un sentiment de camaraderie, est libéré par un commando SS sur ses ordres, mais il n'est plus désormais qu'un collaborateur des nazis, à la tête d'une République de Salo fantoche. L’Italie est à partir de cette période, le parent pauvre des fronts européens, sur la foi d'une analyse de la guerre en termes de capital-espace; dans cette perspective, la fin de l'année 1943 voit un renforcement de l'Europe occidentale, au détriment du front de l'Est.
Jusqu’à la défaite de 1945, Hitler continue d'ordonner perpétuellement à ses troupes, sur quelque front que ce soit, de ne pas reculer, en dépit des rapports de force largement en faveur de ses adversaires, ou des conditions du terrain, qu’il ne constate jamais sur place. Dans la nuit du 6 juin 1944, Jodl refuse de réveiller le Führer alors que les parachutistes sautent sur la Normandie et que 4 126 navires alliés prennent d'assaut la « forteresse Europe » et percent le Mur de l'Atlantique construit sur ses ordres. Cependant, la légende répandue qui veut que l'Allemagne ait perdu la guerre à cause des somnifères pris la veille par Hitler est infondée : qu'il ait dormi ou non, il n'aurait pas été question de réagir sans au moins quelques heures de recul pour apprécier la situation.
Sceptique sur les échanges alliés décryptés par les services allemands, Hitler retarde cependant l’envoi de Panzerdivisionen pour rejeter les forces débarquées, pensant que l’opération « Overlord » est une diversion et que le vrai débarquement doit avoir lieu au Nord de la Seine. Il ne change pas d'avis avant la fin de la bataille de Normandie. En août 1944, il ordonne au général von Kluge d’effectuer une contre-attaque à Mortain pour sectionner la percée des troupes américaines à Avranches. Cependant, les troupes allemandes engagées dans cette opération ne peuvent avancer jusqu’à leurs objectifs en raison des bombardements massifs, et elles sont prises dans une nasse refermée par George Patton et Montgomery, dans la poche de Falaise où 50 000 Allemands sont fait prisonniers.
Le 25 août 1944, Paris est libérée, intacte, bien que le Führer ait ordonné sa destruction. Le général Dietrich von Choltitz, commandant les troupes allemandes dans la capitale française, a refusé d’obéir à cet ordre au demeurant peu réalisable. La capitale de la Pologne n’a pas la même chance, car après l’insurrection de Varsovie, en août-septembre 1944, la ville, déjà détruite à 50 % par les combats, est rasée ensuite à 90 % sur ordre personnel d’Hitler ; les civils sont déportés et on relève près de 200 000 morts.
Fin 1944, malgré la perte de la France et de la Belgique à l'Ouest, de la Grèce et du sud de la Yougoslavie à l'Est, Hitler a réussi à stabiliser les fronts sur le Rhin, la Vistule et le Danube, et se montre encore capable de lancer une offensive dans les Ardennes. En s'emparant de la Hongrie, il a empêché le régent Miklós Horthy de virer de bord comme l'ont fait la Roumanie et la Bulgarie, sans négliger au passage de faire déporter en 56 jours plus de 500 000 Juifs hongrois à Auschwitz par Eichmann. Grâce aux millions de travailleurs forcés, l'économie de guerre allemande confiée à Speer continue à produire à plein régime, malgré les bombardements alliés sur les villes du Reich. Hitler parvient donc à retarder sensiblement l'échéance finale et à remporter des succès jusqu'à la fin.
S'il est devenu évident pour tous, jusqu'au sein même de ses serviteurs, que la défaite est inéluctable et qu'Hitler mène l'Allemagne à la catastrophe, aucune cessation des combats n'est possible tant qu'il reste en vie. Or en Allemagne même, Hitler exerce une lourde répression après avoir survécu à l'attentat du 20 juillet 1944.
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