L’apartheid (mot afrikaans dérivé du français, signifiant « séparation, mise à part ») était une politique dite de « développement séparé » affectant des populations selon des critères raciaux ou ethniques dans des zones géographiques déterminées. Il fut conceptualisé et mis en place à partir de 1948 en Afrique du Sud (Union d'Afrique du Sud, puis République d'Afrique du Sud) par le Parti national, et aboli le 30 juin 1991. La politique d'apartheid se voulait l'aboutissement institutionnel d'une politique et d'une pratique jusque- là empirique de ségrégation raciale (Pass-laws, baasskap et colour bar), élaborée en Afrique du Sud depuis la fondation de la colonie du Cap en 1652. Avec l'apartheid, le rattachement territorial (puis la nationalité) et le statut social dépendaient du statut racial de l'individu. Le concept de l’apartheid s’articulait ainsi autour de la division politique, sociale, économique et géographique du territoire sud-africain et de sa population répartie en quatre groupes raciaux hiérarchiquement distincts :
Lles Blancs : ce sont principalement les descendants d’immigrants européens arrivés dans le pays à partir de 1652 parmi lesquels on distingue les Afrikaners (60 % de ce groupe racial), principalement de souche néerlandaise, mais aussi française, allemande ou scandinave, de locution afrikaans, et les anglophones (40 %), principalement d'origine britannique. Ils représentent un peu plus de 21 % de la population sud-africaine au moment de la mise en place de l'apartheid.
Les Indiens : ce sont les descendants des coolies recrutés dans les régions de Madras et de Calcutta à partir de 1860 engagés dans les plantations de canne à sucre du Natal. Ils représentent un peu moins de 3 % de la population en 1950.
Les Coloured (ou métis) : on distingue d'une part les populations issues du métissage entre les Blancs et les Hottentots aux XVIe et XVIIe siècles et les Malais du Cap. Ils représentent 9 % de la population sud-africaine en 1950.
Les Noirs ou Bantous : ils représentent près de 67 % de la population sud-africaine au moment de la mise en place de l'apartheid mais sont les moins urbanisés des 4 groupes raciaux (80 % vivent alors en zone rurale). Ils se répartissent entre une dizaine d'ethnies dont les plus importantes sont les Xhosas et les Zoulous.
L'apartheid se distinguait en 2 catégories :
Le petit apartheid ou apartheid mesquin qui protégeait l'intimité des Blancs dans leur vie quotidienne en limitant leur rapport avec les non-blancs,
Le grand apartheid concernant la division spatiale du pays imposant des zones de résidence géographiquement séparées et racialement déterminées. Ce grand apartheid fut accompagné de mesures de déplacements et de regroupement des populations noires dans des foyers nationaux appelés bantoustans.
L'apartheid a également été appliqué de 1959 à 1979 dans le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie), administré par l'Afrique du Sud.
La politique d'apartheid fut le « résultat de l'anxiété historique des Afrikaners obsédés par leur peur d'être engloutis par la masse des peuples noirs environnants ». Les lois rigides qui en résultèrent, « dictées par une minorité dynamique obsédée par sa survie » en tant que nation distincte, furent ainsi le résultat d'une confrontation, sur une même aire géographique, d'une société surdéveloppée, intégrée au premier monde avec une société de subsistance, encore dans le tiers monde, manifestant le refus de l'intégration des premiers avec les seconds. Avec la volonté manifeste de revaloriser les différentes ethnies du pays, l'Afrique du Sud fut aussi alors l'un des très rares états centralisateurs à prêcher le droit au séparatisme.
L'apartheid a été progressivement réformé en Afrique du Sud durant les années 1980 avec l'instauration de droits politiques aux indiens et aux métis avant d'être aboli en 1991.
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